Mohamed Asmame est un chef de famille déboussolé actuellement. Avec sa femme, sa fille et ses sept petits-enfants, ils dormiront à la belle étoile à partir de demain, vendredi 24 juillet, si rien n’est fait. Et pour cause, ils ont récemment reçu l’ordre de libérer la maison qu’ils habitent depuis maintenant 9 ans à Tarragone, dans le sud de la Catalogne. Pourtant, sa fille Soumia -qui s’est adressé à un journal local- assure qu’il ne devrait pas en être ainsi et accuse la banque CaixaBank de vouloir déloger sa famille.
Un procès gagné, un procès perdu
Tout commence en 2006, lorsque les Asmame signent un contrat d’échange avec la compagnie immobilière Daniel Cardenas Construction. Celle-ci leur offre la maison de Tarragone en attendant que la construction de leur propre maison soit achevée. Mais entre-temps l’opérateur vend à leur insu la maison de Tarragone et fait faillite ensuite. Lorsque le nouveau propriétaire commence à réclamer la maison, l’affaire est portée en justice, car les biens de l'ex-compagnie sont normalement détenus par la banque.
Lors du premier procès face au constructeur, la famille marocaine l’emporte, car le témoignage de ce dernier prouve qu’un contrat d’échange avait bel et bien été signé entre les deux parties et qu’il n’avait pas à vendre la maison de Tarragone tant que la leur n’était pas achevée. Cependant, tout bascule au deuxième procès face à la banque, il y a deux ans. Celle-ci l’emporte et la famille est susceptible d’être délogée à n’importe quel moment. Soumia attribue cela au fait qu’elle n’ait pas pu témoigner. «Je devais assister à l’audience, car j’étais présente lors de la signature du contrat. Mais notre avocat nous avait dit que le juge trouvait ma présence inutile parce que j’allais faire les mêmes déclarations que ma belle-sœur», explique la jeune femme qui a pourtant témoigné au premier procès.
Joint par la presse, la banque assure ne s'être rendue compte de la vente opérée par le constructeur qu'en 2010, lorsque le nouveau propriétaire de la maison de Tarragone réclame le bien pour la première fois.
Incompréhension et peine
La famille Asmame ne comprend pas qu’elle ait perdu, alors qu’elle a présenté les mêmes arguments que lors du premier procès. «Si quelqu’un occupe une maison sans autorisation, il est compréhensible qu’il soit mis à la porte. Mais ce n’est pas le cas pour nous», renchérit Soumia qui voit déjà la vie difficile qu’elle et les siens risquent de mener s’ils se retrouvent finalement à la rue, car aucun membre de la famille n’a une activité stable. «De plus, mon père ne veut pas partir parce qu’il est entré ici sans forcer aucune porte. S’ils achèvent la construction de sa maison, alors il quittera celle-ci», assure la jeune femme.
Les Asmame sont très affectés par cette situation et surtout leurs enfants et petits-enfants qui ont atteint l’âge de la raison. Actuellement, ils ne savent quoi faire, ni vers qui se tourner. Ils ont sollicité les médias de leur ville comme une bouteille à la mer.