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Grand Angle  

Etats-Unis : Un magasin de vente d’armes à feu interdit l’accès aux musulmans

Suite à la tuerie de Chattanooga la semaine dernière, un magasin de vente d’armes à feu aux Etats-Unis interdit désormais l’accès aux musulmans. Le propriétaire dit vouloir protéger ses compatriotes de «ceux qui veulent leur faire du mal». La décision a provoqué un tollé.

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L’information fait la une de la presse américaine depuis hier. Andy Hallinan, un vendeur d’arme en Floride a déclaré son magasin «zone sans musulmans» samedi dernier, en réponse à la tuerie de Chattanooga, dans le Tennessee.

Pour mémoire, un jeune américain de confession musulmane - Mohammad Youssef Abdulazeez - a tiré à mort sur cinq militaires jeudi dernier, avant d’être lui-même abattu, un incident qui a secoué les Etats-Unis. Analysant les faits, le président de la commission chargée de la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants, Michael McCaul, a conclu que le tueur était «inspiré par Daesh».

«Responsabilité morale et juridique»

C’est sur la page Facebook du magasin qu’Andy Hallinan a annoncé sa mesure samedi dernier, indiquant que cela prendrait effet «immédiatement». Dans la vidéo qui dure 4:29 minutes, le commerçant tente de convaincre les Américains de la situation de «guerre» dans laquelle ils sont, appelant les autorités à «appeler le mal par le mal». «Nos dirigeants vous disent que l'islam est une religion pacifique pleine de tolérance et d'amour et d'espoir. Ne croyez pas leurs mensonges», martèle-t-il. Pour lui, l’interdiction d’accès de son point de vente aux musulmans contribuera à faire de l’Amérique «un endroit plus sûr pour vivre».

«J’ai une responsabilité morale et juridique et je me dois d’assurer la sécurité de tous les patriotes dans ma communauté. [...] Je ne vais pas demander à chaque personne qui marche dans la rue de se prononcer sur leur appartenance religieuse. Cela ne me regarde pas», a-t-il déclaré à la chaîne WFLA. «Mais j’ai le droit de refuser des armes à feu et de former tous ceux que j’estime être une menace», a-t-il ajouté, soulignant qu’il ne va pas armer et former des gens «qui veulent faire du mal» à ses compatriotes.

Les musulmans réclament une intervention du département de la Justice

Pour leur part, les musulmans expriment leur indignation. Le Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR) juge «sectaires» les déclarations d’Andy Hallinan. Ce «n’est pas différent de dire [magasin réservé aux] ‘’Blancs uniquement’’, comme l’on pouvait voir affiché dans les entreprises au cours d’une époque de l’histoire de notre pays que nous espérions révolue», a déclaré le directeur national de la communication du CAIR, Ibrahim Hooper. L’organisation va saisir le ministère de la Justice afin que la conformité à la loi de cette mesure soit examinée.

C’est le plein paradoxe aux Etats-Unis en ce moment. Pendant que les musulmans se mobilisent pour la reconstruction d’églises détruites, ils sont ailleurs dans le pays en proie à l’amalgame. Toutefois, après la vague de réactions à l'initiative d'Andy Hallinan, celui-ci s'est rendu compte du tollé suscité par ses déclarations. Dans un entretien avec CNN, l'homme modère ses propos. «Je ne refuse pas des armes aux musulmans qui lisent le Coran, je refuse des armes aux musulmans qui croient au Coran littéralement et veulent établir un califat, un ordre mondial et tuent les mécréants qui ne croient pas», a-t-il déclaré, ajoutant que «la grande majorité des musulmans sont des Américains pacifiques et normaux». Un rétropédalage qui préterait à sourire si le climat xénéphobe n'était pas si étouffant ces derniers mois aux Etats-Unis.

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