Dans sa lutte contre l’immigration, l’Europe semble avoir trouvé la bonne formule : sous-traiter sa politique migratoire. En d’autres termes, charger d’autres pays de faire le sale boulot à sa place. Des pays d'émigration qui s'engagent à jouer le rôle de gendarmes de l’Europe contre les migrants : une situation que dénonce le deuxième rapport du réseau Migreurop intitulé «Aux frontières de l'Europe, contrôles, enfermements, expulsions».
«Par la menace d’une remise en cause des accords de coopération et d’aide au développement» l’Union Européenne oblige les pays tiers à «non seulement réadmettre chez eux les migrants chassés d’Europe mais aussi, sur leur territoire, de les empêcher d’entreprendre leur voyage vers ses portes». Et parmi ces pays, figurent depuis plusieurs années maintenant le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et désormais la Mauritanie, sans parler de la Libye.
Ces pays du Maghreb ont pour la plupart adopté, entre 2003 et 2008, des lois criminalisant l’immigration, «illégales au regard de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme» selon l’ONG. Ce qui a conduit à des déportations massives de Subsahariens comme le Maroc s’en était illustré en 2005. Les traitements dégradants et humiliants dont font souvent objet les immigrants, sont une fois de plus condamnés dans ce rapport 2009-2010 de Migreurop.
Enfin, cette ONG créée en 2002 et regroupant actuellement une quarantaine d’associations d’Europe et d’Afrique tire la sonnette d’alarme sur deux processus qui suscitent son inquiétude : Le premier est celui qui consiste à «doubler» les frontières avec la construction de murs anti-immigration. Comme la Libye du «panafricaniste» Kadhafi est en train de le faire avec l’aide de ses amis Italiens le long de ses frontières avec le Niger, le Soudan et le Tchad.
Le second phénomène qui inquiète Migreurop est «l’errance organisée» des migrants et leur «rejet constant et brutal hors de tout lieu potentiel d’établissement». Une issue qui n’est que la conséquence de l’essoufflement des politiques de détentions dont les immigrants font l’objet.