Détroit de Gibraltar : Chère traversée... [Edito]

En 2007, une violente hausse des tarifs de bateau sur le détroit de Gibraltar, nous avait poussés sur Yabiladi à faire un comparatif des prix avec des liaisons maritimes de distance similaire (Douvres-Calais, ...). Le résultat de l'époque était radical : avec la nouvelle hausse le coût du mile (ou du km) était 3 fois plus cher. Si cette hausse avait porté un coup au portefeuille des MRE cette année, les opérateurs la justifiaient par la hausse vertigineuse du prix du pétrole. Mais face à l'atonie des pouvoirs publics et de la société civile, les années suivantes ont connu de nouvelles augmentations de prix sans aucune justification rationnelle. 

En 2015, les MRE seront de nouveaux confrontés à une hausse vertigineuse : +50% en moyenne (voire plus dans certains cas). Qui s'en soucie ? Les autorités marocaines qui depuis quelques semaines font de l'oeil aux MRE ? Même pas une réaction. Les médias marocains qui nous inonderont des chiffres d'arrivée de MRE pour l'opération Transit 2015 ? Non, c'est le cadet de leurs soucis. La société civile marocaine et notamment les associations de MRE ? Bizarrement, là non plus aucune réaction et encore moins d'actions.
Nous sommes face à une démission totale des différents acteurs en charge de la question des MRE. Et la hausse des tarifs de bateaux n'est pas le seul sujet complètement délaissés par nos politiques ou nos associations. 

Nouvelle entente sur les prix ?

Pourtant sur cette question des tarifs les autorités marocaines ont un moyen de pression sur les compagnies maritimes qui sont soumises à une licence pour desservir les ports marocains. Le Conseil marocain de la concurrence pourrait très bien être saisie pour vérifier si il n'y a pas formation d'un cartel sur les prix. Cela avait d'ailleurs été entrepris de l'autre côté de la Méditerranée en 2012 où plusieurs compagnies espagnoles et marocaines (dont la défunte Comarit) avaient été condamnées à 88,5 millions d'euros d'amende pour entente sur les prix de la traversée, par le Conseil national espagnol de la concurrence.

Presque chaque année, les MRE se plaignent et demandent à Yabiladi.com ce qui sera fait. Malheureusement rien. Ce n'est pas faute d'avoir interpellé les années précédentes le ministre des MRE, les institutions en charge des MRE et plusieurs associations de MRE. Notre rôle de média s'arrête ici, informer, attirer l'attention, et comme dans cet édito, dénoncer une prise en otage de centaines de milliers de familles qui souhaitent visiter leur pays chaque été. Mais il faut malgré tout garder espoir. Le jour viendra où les responsables politiques et associatifs ciblant les MRE mettront enfin en accord leurs actes avec leurs discours.