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Espagne : L'expulsion express d'un marocain fait polémique

L’expulsion express d’un Marocain en Espagne fait polémique. Les organisations religieuses dénoncent une violation de la loi. Détails.

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Abdoul, 39 ans, a vu sa vie basculée le 27 mai dernier. Après avoir passé 20 longues années dans le royaume ibérique, il a été expulsé vers le Maroc sans avoir l’occasion de prendre le moindre effet personnel, ni de voir sa femme et sa fille, rapporte El Diaro. Pourtant, l’homme n’était pas en situation irrégulière, son titre de séjour était encore valide jusqu’en 2019.

La tourmente a commencé en août 2014, lorsqu’Abdoul est arrêté dans la rue et identifié par plusieurs agents de la police de Saragosse, au nord-Ouest de l’Espagne. A partir de ce moment, il a entamé une longue bataille pour rester dans son pays d’accueil. Mais la police s’est appuyée sur son casier judiciaire pour l’expulser. En effet, l’homme avait été condamné auparavant à 9 ans de prison pour trafic de drogue. Au moment de sa condamnation, un ordre d’expulsion avait été émis contre lui et devait prendre effet un mois après sa peine de prison.

«Acte amoral»

Mais Abdoul s’était repenti, a fondé une famille et gagnait honnêtement sa vie. Jusqu’à son expulsion, il travaillait dans une société de placement spécialisée dans la vente de vêtements pour enfants.

Son expulsion qui s’est déroulée en moins de 48 heures a été un grand choc pour sa famille et pour les organisations religieuses en Espagne qui accompagnent les anciens détenus dans la réinsertion sociale. Depuis la semaine dernière, elles dénoncent avec force l’attitude des autorités. Abdul «a commis une erreur et fait de la prison pour cela. Cependant il a refait sa vie, il s’est rangé avec une famille, est pleinement intégré et a un poste de responsabilité dans une entreprise gérée par la Conférence espagnole des religieux et religieuses [Confer, ndlr]», a expliqué à El Diaro Mari Carmen Ferrero, un membre des Sœurs de la Charité de Santa Ana qui dirige la société dans laquelle travaillait Abdoul.

La Confer a exprimé son «dégoût» face aux «expulsions express» et rappelé que selon l’article 57.2 de la loi sur les étrangers autorisant leur expulsion qu’il fallait tenir compte de la longue durée de résidence du concerné, de son âge, des liens créés en Espagne et des conséquences pour l’individu et les membres de sa famille, ainsi que les relations avec le pays d’origine une fois l’expulsion actée.

Manifestations cette semaine

Même son de cloche chez l’organisation sociale Pignatelli. «La réinsertion est une des pierres angulaires de notre système de justice pénale, nous ne comprenons pas comment, après tout ce temps les choses peuvent se passer de cette façon. Il y a une énorme injustice dans le fait de contraindre Abdoul à quitter l'Espagne, laissant sa femme et sa fille sans ressources», a dénoncé la coordinatrice Chema Segura, ajoutant que l’organisation fera «tout [son] possible» qu’il retourne en Espagne.

Plusieurs initiatives sont ainsi prises à Saragosse pour plaider en faveur d’Abdoul. Sous l’impulsion de SOS Racisme, plusieurs manifestations auront lieu cette semaine.

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