La Chine met actuellement tout en œuvre pour empêcher le bon déroulement de la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix, prévue le 10 décembre à Oslo (Norvège). Et pour cause : c'est un célèbre opposant au régime chinois, Liu Xiaobo, qui s'est vu décerner le prix Nobel, au grand dam de Pékin. L'écrivain et militant non-violent a été condamné en juin 2009 à 11 ans de prison pour son rôle joué dans la diffusion d'un manifeste et d'une pétition, la Charte 08. Les initiateurs de cette Charte demandaient plus de libertés politiques et plus de démocratie en Chine. Plus de 8 000 personnes ont signé cet appel, un nombre relativement important pour la Chine où l'opposition au régime est risquée, estime le Washington Post.
Assez, en effet, pour que la Chine déclare une véritable «guerre» à propos du prix Nobel de la paix décerné à Liu Xiaobo, comme l'estime le quotidien anglais The Independent. D'une part, la Chine bloque un grand nombre de proches du dissident emprisonné et les empêche de voyager en Norvège. Selon L'Express, cela pourrait même aboutir à ce que la remise du prix soit reportée, car dépendant de la présence d'un proche du lauréat.
Autre «volet d'intervention» de prédilection de la Chine : la pression diplomatique. A commencer par le gouvernement norvégien, qui n'a cependant pas cédé et a rendu publique une visite «officieuse» de représentants chinois à Oslo. De plus, selon l'agence de presse Reuters, les autorités chinoises auraient adressé des lettres aux ambassadeurs en poste à Oslo pour les dissuader d'assister à la cérémonie. Une démarche que Geir Lundestad, secrétaire du comité Nobel, qualifie de jamais vu. «Je n'ai pas d'exemple de pays qui aurait si activement et si franchement tenté d'empêcher les ambassadeurs d'assister à une cérémonie Nobel», estime-t-il.
Mais quelle mouche a piqué le Maroc ?
Si les pays européens déclarent ne pas vouloir se laisser influencer, d'autres ont déjà décliné l'invitation à la cérémonie. Outre la Chine, la Russie, le Kazakhstan, Cuba et le Mexique font partie de ceux-là – tout comme le Maroc. Une décision qui laisse perplexe et ouvre la voie à la spéculation. Les liens entre le Maroc et la Chine ne sont pas très étroits, ni historiquement, ni sur le plan commercial. Le Maroc est, certes, premier importateur de thé de Chine, et le marché marocain s'ouvre au marchandises chinoises (textile, gadgets, informatique), mais les relations ne vont pas beaucoup plus loin. Ce que certains décrient comme «colonisation chinoise de l'Afrique» ne s'étend pas sur le Maroc. Alors, comment le Maroc monnaie-t-il ce soutien à la Chine dans cette cause à forte odeur dictatoriale ?