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Grand Angle

Le CCME veut des imams marocains adaptés au contexte européen

Avoir des imams marocains adaptés au contexte européen, c’est le nouvel objectif du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). L’instance plaide pour une formation incluant notamment les sciences humaines, les autres religions, la communication et les langues. Détails.

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Venus de France, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Danemark et Allemagne notamment, soixante imams marocains se sont retrouvés à Marrakech, les 30 et 31 mai derniers, pour une conférence organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) sous le thème : «l’Imam et les défis du contexte européen», d'après un communiqué officiel. Les interventions ont tourné autour des questions liées entre autres, aux problématiques rencontrées par la jeunesse marocaine issue de l’immigration, les raisons qui poussent certains jeunes à rejoindre les rangs de Daesh et la formation des imams.

L’instance des Marocains du monde intervient ainsi au moment où la radicalisation gagne de plus en plus la jeunesse musulmane en Europe, une situation qui alimente quelque peu la stigmatisation de la communauté. Solution selon le CCME : adapter le profil des imams marocains au contexte du pays d’accueil.

Imams multidisciplinaires

Le secrétaire général du Conseil, Abdellah Boussouf, a déploré le fait que les imams ne sont pas toujours préparés à faire face aux questions soulevées par les musulmans d’Europe. D’après lui, un imam dans ces pays «doit maitriser non seulement l’enseignement religieux, mais aussi les sciences humaines, les lois du pays de résidence, ainsi que l’histoire des religions et le fonctionnement des institutions dans ces sociétés», rapporte l’agence de presse espagnole EFE.

Intervenant lors de la conférence, le président du Conseil européen des Oulémas marocains en Belgique, Tujkani Taher, a pour sa part estimé que l’ignorance du contexte européen conduit parfois à l’émission de fatwas en contradiction avec la réalité vécue dans ces pays. «Les imams en Europe ont besoin d'une loi spéciale qui détermine également la relation entre les institutions», a-t-il déclaré, encourageant les religieux marocains à faire preuve d’ouverture d’esprit.

Coupe de pouce aux gouvernements européens

D’après le CCME, l’événement de Marrakech n’est que le premier d’une longue série. L’instance plaide aujourd’hui, pour une véritable réforme de la formation des imams marocains d’Europe, laquelle inclurait les sciences humaines, les autres religions, la communication et les langues. En Europe en effet, la question de la langue est souvent problématique, car de nombreux imams venus du Maroc s'exprime majoritairement en arabe, et n'ont souvent pas la maitrise d'une seconde langue. En Belgique notamment le sujet fait débat. La semaine dernière encore, le ministre de la Justice belge, Koen Geens, estimait que les imams doivent obligatoirement s'exprimer en français en Communauté française et en néerlandais en Flandre.

L’initiative du Maroc vient répondre directement aux orientations voulues et déjà exprimées par certains pays d’Europe à l’instar de la France. Ici - outre les politiques - l’imam marocain et recteur de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, est connu pour son plaidoyer en faveur d’un islam à la française. Toutefois, il ne fait pas partie du Conseil théologique musulman de France (CTMF) créé la semaine dernière, dont le rôle sera d’émettre des fatwas adaptées au contexte français.

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