Yabiladi: Comment avez-vous eu l’idée de concevoir un tel appareil ? C’est une vraie innovation...
Khadija Ait El Hadj: Oui c’est une invention de mon frère. D’ailleurs nous détenons un brevet étendu à l’international.
En fait, il y a certains hadiths du prophète qui expliquaient que pour réaliser ses ablutions, il faut utiliser le minimum d’eau. Et selon les explications historiques, le prophète appliquait cela. Mais aujourd’hui, on a tendance à laisser couler l’eau. Or des études ont montré qu’en laissant le robinet ouvert pendant 3 minutes d’ablutions, on gaspille environ 30 litres d’eau. Ça parait exagéré, mais c’est bien la réalité et on a tendance à ne pas s’en rendre compte. On n’en conçoit pas encore les conséquences mais, quand la sécheresse aura gagné du terrain, on regrettera ce gaspillage.
C’est donc pour mettre fin à ce gaspillage que le Wudumatic a été conçu. D'ailleurs, nous avons travaillé avec un imam à Nice pour être sûrs que nous étions dans le respect des principes religieux. Le système de l'appareil déverse la quantité d’eau minimale suffisante. Le but des ablutions n’est pas de se laver. Donc le Wudumatic permet de faire des ablutions correctes, conformes à ce que faisait le prophète. Au final, le rituel s’exécute avec seulement 99 ml d’eau. En plus l’appareil est léger. Il ne pèse que 500 g environ et ne dépasse pas les 800 g quand il est plein. Il est rechargeable électriquement.
Chaque fidèle peut donc l’emmener à la mosquée…
Certainement en attendant que les mosquées aussi l’adoptent, car nous avons une adaptation de cet appareil prévue pour les mosquées qui obéit au même principe. Cela permet en pratique de diviser par 10 leur facture d’eau. C’est vrai qu’au Maroc les mosquées sont prises en charge par l’Etat, contrairement à la France où elles s’autofinancent, mais si chaque mosquée marocaine divise sa facture par 10, imaginez quelles économies feraient l’Etat. Et on sait combien il en a besoin.
A quel stade se situe le projet actuellement ?
Nous sommes en phase de pré-industrialisation. Actuellement nous travaillons à l’amélioration du prototype et une fois le financement disponible, nous démarrerons la production.
Vous avez commencé à faire connaitre votre appareil notamment sur les réseaux sociaux. Comment il est accueilli par les musulmans ?
Au Maroc, le peu de personnes qui l’ont déjà découvert ont beaucoup apprécié. En France également, nous avons obtenu 540 promesses d’achat lors de notre passage au rassemblement musulman du Bourget. Comme vous le dites, nous essayons de faire connaitre le Wudumatic via les réseaux sociaux (Facebook, Tweeter, Google+ et Youtube) et nous n’avons eu jusqu’à présent aucun retour négatif. Au contraire, c’est quasiment toujours des «quand je l’achète ?».
C’est vraiment très pratique. Mon propre grand-père l’a testé et a adoré. Il fait ses ablutions dans le salon avec juste une serviette.
Envisagez vous de vous attaquer au marché mondial ?
Oui, en effet. L’avantage c’est qu’il y a des musulmans un peu partout dans le monde. Nous n’avons donc aucune limite et nous ne nous en sommes imposés aucune. En plus, tous les pays sont concernés aujourd’hui par la sécheresse. Du coup, économiser de l’eau devient une préoccupation pour tous les gouvernements.