Mardi un reportage diffusé sur le JT de 12h45 de 2M qualifiait la guerre menée par la coalition arabe au Yémen d’ «agression». Vingt-quatre heures plus tard, la direction de la chaîne a tenu à présenter ses «excuses» pour ce qu’elle estime être une «erreur» de la journaliste auteure du commentaire.
Le reportage en question, d’une minute et 30 secondes et élaboré par une agence internationale de presse, était complétement réservé à une manifestation organisée à Sanaa probablement par les Houthis. Ces derniers s’opposaient à un congrès tenu à Ryad sur le Yémen. La parole était donnée aux manifestants qui dénonçaient l’intervention de l’Arabie saoudite et appelaient la communauté internationale à mettre un terme à la guerre.
La journaliste a, par ailleurs, commis une autre «erreur» lorsqu’elle a lâché «le dénommé congrès de la réconciliation». Reste à savoir comment ces «erreurs» ont pu passer au JT. Normalement les commentaires de la journaliste n’ont pu être diffusés sans l’aval de ses supérieurs hiérarchiques. La question se pose également pour le reportage en lui même qui est clairement pro-houthi et va donc à l’encontre de la position du Maroc qui est impliqué dans cette guerre. Dans une chaîne officielle comme 2M, les informations sensibles font l’objet d’une attention particulière, chaque mot est pesé avant d’être livré au public.
La question du timing
La direction de 2M a, visiblement, trouvé la parade idéale, attribuant toute la responsabilité à la journaliste. Elle a ainsi souhaité rapidement tourner la page de cet incident. Il faut dire que la diffusion du reportage a coïncidé avec la publication d’informations sur une possible tension entre le Maroc et l’Arabie Saoudite à cause du «manque de coopération» de Ryad lors des recherches du corps du pilote du F-16 écrasé le 10 mai au Yémen. Certains ont même avancé que les Saoudiens auraient retardé de deux ou trois jours l’opération de la remise de la dépouille. L’ «erreur» de 2M a donné du crédit à ces «rumeurs».
Ce qui s’est passé lors du JT de mardi n’est pas sans rappeler les attaques coordonnées, de janvier, d’Al Aoula et 2M contre l’homme fort en Egypte Abdelfattah Al Sissi, qui avait été traité de « leader des putschistes». Sauf que dans ces deux cas, l'erreur des journalistes n’avait pas été pointée du doigt.