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Grand Angle

Guerre au Yémen : Les médias marocains n’ont pas été à la hauteur [Edito]

Le peuple marocain s’est réveillé le lundi 11 mai avec la terrible nouvelle du crash d’un F-16 des Forces aériennes royales et la disparition du pilote Yassine Bahti. Se faisant, ils ont découvert que leur pays était en guerre. Surprise, étonnement, incompréhension, autant de réactions qui révèlent surtout l’absence d’un acteur majeur dans le débat public : les médias. 

Publié
/ Ph. 20minutes.fr
Temps de lecture: 3'

Où étions-nous, nous journalistes lorsque le Maroc s’est engagé dans l’opération «Tempête de fermeté» ? Pourquoi n’avons-nous pas ouvert un large débat pour comprendre les raisons de cette participation militaire, et confronter les arguments des partisans et des opposants ? Même les éditorialistes qui n’hésitent pas à donner leur avis sur tout, tout le temps -des sujets futiles comme la jellaba de l’épouse Benkirane, à l’analyse sémantique des paroles de la dernière chanson de Daoudia-, ont brillé par leur discrétion. 

Pourtant aujourd’hui, on constate que l’intervention militaire du Maroc au Yémen divise l’opinion publique. Une partie des Marocains ne comprend pas les raisons de notre présence dans cette coalition qui bombarde des tribus houthies. Conséquence évidente de l’absence de débats impliquant politiques, société civile, et médias.

Du minimum syndical au zéro pointé

Il y a bien eu quelques timides incursions par certains supports qui ont relayé les manifestations contre l’intervention militaire au Yémen, ou les communiqués des partis politiques d’extrême gauche, du mouvement Al Adl Wal Ihssane, ou de certaines associations. Mais avons-nous, nous journalistes, porté le débat comme nous le devions ? Avons-nous correctement joué notre rôle auprès de l’opinion publique pour que le citoyen soit informé et pour qu’il dispose des différentes clés de lecture d'une question d'intérêt national ? Manifestement non !

Nous avons manqué à notre mission, et nous en sommes entièrement responsables. Malgré cette évidence, certains journalistes n’ont pas hésité à reprocher à l’armée -qui est pour rappel surnommée la Grande muette- de ne pas suffisamment communiquer. Qu'espéraient-ils ? Un communiqué de presse quotidien afin de pouvoir le réécrire rapidement et ainsi alimenter le buzz, et affoler les statistiques de visites ?

D’autres plus pragmatiques n’ont pas attendu une hypothétique aide de l’Etat major de l’armée pour ça, et ont choisi de produire des articles tel un ouvrier à la chaîne. Un article pour annoncer l’identité du pilote dont on ne connaissait pas encore le sort, un autre pour donner l’adresse de son compte Facebook, un autre pour diffuser une série de photos : le pilote à la Mecque, le pilote sur une moto, le pilote arborant un t-shirt prémonitoire… Jusqu’aux sordides photos de ce qui étaient supposés être les restes du corps du lieutenant Bahti.

Autocritique

Malgré cette dérive nauséabonde, il y a eu de bonnes initiatives pour tirer la sonnette d’alarme, comme l’édito de Aziz Boucetta sur Panorapost - qui nous a donné l’idée d’interviewer sur le même sujet Alain Rollat, un ancien journaliste spécialisé dans les questions d’éthique-, mais aussi l’article de nos confrères de Medias24… Mais si ce débat de déontologie journalistique est nécessaire et vitale, nous ne devons pas seulement montrer la poutre dans l’oeil de nos confrères indélicats, mais aussi voir les oeillères qui couvrent les nôtres. Nul besoin d’avoir fait Sciences Po pour savoir que l’autocritique est souvent plus difficile que de tirer sur les ambulances, comme celles squattant en grand nombre le parking du paysage médiatique marocain.

Dès le départ, nous avons complètement raté le débat sur l’engagement militaire du Maroc au Yémen. Télévision, radios, presse papier, site d’information, nous avons tous été absents d’un dossier majeur qui fait l’actualité depuis plusieurs mois. Souvent on se moque de la propension du journaliste à ne parler que des trains qui arrivent en retard. Il y a une part de vrai, car il est important de signaler ce qui ne va pas dans notre société. Mais on ne doit pas oublier que notre rôle est aussi de comprendre pourquoi ces trains n’arrivent pas à l’heure.

Aujourd’hui, nous avons enterré un pilote de l’Armée aérienne royale, le Lieutenant Yassine Bahti (paix à son âme). Les Marocains dans leur grande majorité ne savent pas pourquoi il est mort, pourquoi notre armée est engagée dans le conflit yéménite, et surtout pourquoi on ne leur a rien expliqué. Nous, médias marocains, sommes seuls responsables et n’avons pas été à la hauteur des enjeux. En tant que directeur de publication de Yabiladi, je prends ma part de responsabilité avec ce modeste édito.

korée du nord
Auteur : dklic
Date : le 23 mai 2015 à 08h43
cela fait plus d'une dixaine d'année que la presse marocaine est morte; je veus dire la presse independante , avec les procés , les redressement fiscaux et les arrestation de journaliste , il n'ya plus que des commentateur des inauguration royal , visite royal , le blabla quotidient . quant on regarde la presse au maroc , on se croirait etre au korée du nord .
Mais l'Iran est bien démasquée !
Auteur : Le barreur
Date : le 22 mai 2015 à 12h35
C'est vrai que le Maroc manque d'éditorialistes notoires, et de reporters percutants : cela est du au fait que l'absence de liberté d'expression a longtemps réduit la mission du journaliste à sa plus simple expression, et n'a guère favorisé les vocations en matière de journalisme. La majorité de nos journalistes ne "décollent" pas, et nos journaux restent bien modestes. Mais dans le cas du Yémen, le role destabilisateur de l'Iran est largement analysé à travers la presse internationale, et la justesse de la position marocaine en découle.
Dernière modification le 22/05/2015 12:37
Réveille toi
Auteur : netstat
Date : le 21 mai 2015 à 21h45
Cette guerre et celles qui suivront ne sont que la planification de G.W Bush après le 11 Septembre; En effet l'équipe Bush pour stopper la montée en puissance du monde musulman, en particulier l'Iran, a élaborer le plan de stimuler la guerre entre le chiisme et le sunnisme,
Le début de cette stratégie fut l’assassina de Sadam et la mise en place d'un gouvernement chiite, par la suite une multitude d'intervention directes ou indirectes tel qu'en Libye, Liban et Syrie ont eu lieu afin de contribuer à régénérer cette ancienne fitna entre sunnites et chiites.
Face à ce plan américano-sioniste on aurait du avoir des gouvernements ou des peuples intellectuels et conscients mais malheureusement ni l'un ni l'autre et par conséquent le résultat risque d'être que les musulmans s’entre tuent entre eux et que le reste du monde applaudisse.


..
l'iran pers...iste
Auteur : participant
Date : le 21 mai 2015 à 18h31
Je suis du même avis que l'auteur.
Et vu les commentaires que je lis , certains n'ont toujours pas compris de quoi il s'agit.
Il faut peut être que les medias éclaircissent les choses aux non initiés.
il faut rappeler aussi que c'est la grosse panique à Téhéran, car cette intervention a mis en évidence l'implication de l'Iran dans plusieurs capitales arabes : Beyrouth , Damas , Bagdad , et heureusement qu'on a pas laisser tomber Aden.
il faut expliquer au peuple ce qui se passe , même si c'est très compliqué au moyen orient.
Maintenant on sait clairement ce que fait l'iran.

peur de parler!
Auteur : bbram
Date : le 21 mai 2015 à 14h54
la décision d'envoyer l'armée combattre en dehors du territoire, ne viens pas de l'armée, ni du gouvernement, mais plutôt du roi lui même!
quand la France envois son armée au mali, on dit bien :"hollande part en guerre", ou "la guerre de bush", ou d'Obama!

par contre là, on deviens muet!!!, et quasi silence sur le sujet! qui oserait critiquer une royale décision?

mais ça prouve une chose déjà, c'est qu' on continu de vivre dans la peur! peur de parler!

alors que les titres de nos medias devraient être:
m6 va-t'en guerre!
mais qui aurait le courage de dire ça?

pourtant qu'est ce qui est le plus terrible? dire: m6 va-t'en guerre! ou bien envoyer des gens pour tuer, et risquer de se faire tuer, surtout qu'on sait pas quel intérêt on a dans cette guerre, ni si vraiment elle nous concerne, si elle ne risque pas à long terme d'avoir sur nous des retombés négatifs!
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