Maroc : Quand le service de l'ONCF déraille…

Mardi, des centaines de voyageurs ont dû passer quelques heures dans le train à la sortie d’al Mansouriah. Selon l’ONCF, qui a encore réagi sur sa page officielle le train s’est brusquement arrêté «suite à une avarie de la ligne d’alimentation électrique». Seulement, il ne s’agit pas d’une première dans la catégorie «incidents» qu’enregistre régulièrement l’office depuis le début de l’année.

Dans la catégorie insolite, un train avec à bord une vingtaine de passagers a démarré sans son conducteur à la gare de Kénitra le 20 avril dernier. Selon plusieurs témoignages, le conducteur avait quitté la cabine pour… «chercher du café» ! L’incident n’a heureusement pas fait de victimes. Mais 10 jours plus tard, rebelote. De la fumée s’est dégagée de la locomotive d’un train près de Kénitra, ce qui a bloqué le trafic pendant quelques heures et suscité une grosse grogne des passagers à Casa Port et à Témara. Dans cette ville pas loin de Rabat, les voyageurs n’ont pas hésité à occuper la voie pour protester contre les retards interminables. L’ONCF a tenté d’éteindre le feu en évoquant cette fois des problèmes techniques.

Hier également, un autre train transportant du phosphate a déraillé aux environs de Khouribga sans faire de victimes, mais causant d’importants dégâts matériels. Et sur les réseaux sociaux, le ton continue de monter. Beaucoup d’usagers faisant la navette entre Rabat et Casablanca en ont «marre» des retards et problèmes techniques interminables.

Mais le fait est que depuis fin 2014, les incidents se multiplient pour l'ONCF. Le 27 août 2014, une collision entre le train n°125 reliant Casablanca à Fès et un autre transportant le charbon a fait un mort et 32 blessés à Ain Harrouda. Le lendemain, la gare de Casa Voyageurs était plongée dans le noir suite à une coupure électrique qui a entraîné un arrêt total du système automatique qui commande l'aiguillage relatif aux itinéraires des trains. Presque trois mois plus tard, un vol de câbles sera aussi à l’origine d’une nouvelle perturbation du trafic ferroviaire. Que se passe-t-il réellement ? Les usagers restents sans réponse. 

Où sont passés les 3,5 milliards ?

Pourtant, l’optimisme était de mise en début d’année lorsque l’ONCF avait annoncé un investissement de 7,5 milliards de dirhams pour 2015. Cette enveloppe devait permettre de poursuivre le projet de la Ligne à Grande Vitesse, qui s’accaparera 4 milliards de dirhams alors que les 3,5 milliards restant devaient être consacrés à la poursuite de la modernisation du réseau existant, selon Rabie Khlie, lors du Conseil d’Administration de l’office présidé par le ministre de l'Equipement, du Transport et de la Logistique, Aziz Rabbah.

L’enveloppe devait être consacrée au triplement de la voie ferrée entre Casablanca et Kénitra, au doublement complet de la ligne Settat-Marrakech, à l’améliorer de la sécurité et de la sûreté, à la construction de nouvelles gares ainsi qu’à réhabilitation et acquisition de matériel roulant. Les promesses d'investissements et de travaux de mise à niveau ont du mal à se concrétiser sur le terrain et dans le quotidien des usagers.

La locomotive du rail marocain toussote sans oublier que du point de vue financier elle a calé en 2014. En effet, le bilan financier de l’ONCF affichait une perte nette de 250,5 millions de dirhams en 2014 contre 6,3 millions de dirhams en 2013. Ses ventes s'élevaient à 4,6 milliards de dirhams, soit une progresseion de 3,5%. Mais son résultat d'exploitation a baissé de 7,5% à 572,1 millions de dirhams, alors que sa dette est désormais estimée à 22,1 milliards de dirhams, soit une hausse de 3,3 milliards sur un an.