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Grand Angle

Les IDE creusent les inégalités de revenus au Maroc, selon la BAD

Une nouvelle étude de la Banque africaine de développement (BAD) vient de paraître sur l’investissement direct étranger (IDE) et sa participation au bien-être de la population en Afrique du Nord. De manière générale le bilan est positif, mais concernant le cas du Maroc, l’institution continentale note des limites à la contribution de ces investissements au bien-être des Marocains. Détails.

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Plusieurs rapports internationaux parlent du leadership du Maroc en Afrique du Nord en matière d’investissements directs étrangers. Le dernier, émis par l’Emerging Markets Private Equity Association (Empea), date à peine de quelques jours. Mais ces entrées aussi massives soient-elles contribuent-elles pour autant au bien-être des Marocains ? C’est la question sur laquelle la Banque africaine de développement (BAD) s’est penchée dans une étude régionale publiée ce mercredi 29 avril et intitulée : «L'investissement direct étranger améliore-t-il le bien-être des populations dans les pays d'Afrique du Nord ?».

De manière générale, «l'IDE contribue à la croissance économique en Afrique du Nord, laquelle génère des revenus pour les États et les populations de la région par la mise en œuvre de politiques budgétaires et la création d'emplois». Telle est la conclusion des auteurs de l’étude. Mais en se focalisant sur le cas du Maroc, la conclusion n’est pas aussi absolue. La complexité de la question et les différences observées entre les économies de la région pousse la BAD à affirmer que «le lien entre l'IDE et le bien-être au Maroc n’est pas concluant».

Les IDE creusent les inégalités de revenus au Maroc

En raison de l’absence de certaines données pour certains pays, les auteurs de l’étude ont retenu comme principal indicateur de mesure du bien-être de la population, l’indice de développement humain (IDH) dont les facteurs déterminant sont la santé, l’éducation et le niveau de vie. D’autre part, l’IDE par habitant a été retenu comme mesure de l’impact des IDE sur le bien-être de la population.

La BAD estime que les IDE au Maroc contribuent au bien-être de la population, mais leur impact n’est pas aussi important qu’il aurait pu l’être. Le problème : la faible diversification sectorielle des IDE entrants. «Le Maroc est l’un des pays les moins diversifiés en termes de concentration sectorielle. […] Les entrées d’IDE ciblent essentiellement les services et le tourisme (finance, affaires, hôtellerie et restauration). Pratiquement aucun IDE ne vise le secteur primaire au Maroc et très peu le secteur manufacturier», déplore l’étude soulignant que ces derniers secteurs sont pourtant ceux qui font le plus appel à la main d’œuvre, créant ainsi un maximum d’emploi. Une démarche qui impactera, in fine, le niveau de vie de la population.

De plus, cette situation engendre inéluctablement une autre peu confortable. Selon les auteurs de l’étude, les observations faites montrent que «l'IDE creuse les inégalités de revenus au Maroc» en raison justement de la concentration sectorielle de ces investissements.

Des mesures s’imposent

Pour garantir le bien-être de sa population, l’institution bancaire continentale recommande au gouvernement marocain d’élaborer «avec soin» ses politiques visant à attirer les IDE, estimant que celles-ci doivent orienter les investissements vers les secteurs les plus productifs de l'économie, le manufacturier notamment. La BAD appelle également Rabat à proposer suffisamment de mesures incitatives pour encourager les investissements étrangers dans les secteurs à forte intensité de main d'œuvre, à l’instar de l’agriculture, l’éducation ou la santé. La dernière recommandation consiste au renforcement de la qualité des institutions et de la gouvernance, afin de mieux redistribuer la richesse et donc réduire la pauvreté.

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