Noreddine Karam: Confessions d'un animateur radio franco-marocain

A 47 ans, Noreddine Karam se décrit comme un «mi-urbain, mi-campagnard». Cela lui a permis d’être en contact avec différents types de personnes. C’est cette sensibilité à l’autre qui le poussera certainement à faire des études de sociologie. Parallèlement, le jeune strasbourgeois venu du Maroc avec sa famille alors qu’il n’était encore qu’un tout petit garçon, nourrit une passion : la radio.

Mais son rêve commencera à se concrétiser après la rencontre d’un DJ en 1993 lors d’une manifestation. «Il m’a demandé : ‘‘pourquoi tu ne fais pas de la radio ?’’ Je lui ai répondu : ‘‘j’aimerais bien, mais comment faire ?’’». Le lendemain Noreddine obtenait un rendez-vous arrangé avec le président d’une radio associative. Challenge : Il devait se faire former en 5 jours pour être immédiatement opérationnel.

Après ses études, il s’est installé à Paris où il travaillait à la mairie en tant qu’animateur. C’était une nouvelle étape de sa vie. Parallèlement, il anime bénévolement une émission sur Radio Soleil deux fois par semaine pendant trois ans avec des Marocains, Algériens et Tunisiens qui s’expriment en darija. «Des fois je comprenais ce qu’ils disaient, des fois je ne comprenais pas», avoue l’animateur. Cela participera à sa renommée. Et il s’en rendra compte lorsque l’Ambassade du Maroc à Paris le contactera pour participer à un forum en tant que «personnalité marocaine qui bouge». «J’avais l’impression d’avoir une sorte de reconnaissance», confie-t-il. Dans le sillage de cet événement, un membre de la diplomatie marocaine lui proposera d’ouvrir une radio marocaine en France, mais l’idée ne l’enchantera pas vraiment.

Quand la «naïveté» ouvre la porte du succès

En 2006, Noreddine décide de retourner au Maroc. Il démarre chez Rabat Chaîne Inter (aujourd’hui Chaîne Inter) où il révolutionne la radio publique marocaine en introduisant une émission quotidienne dans laquelle les auditeurs parlent d’amour. Il se souvient qu’il a parlé «un darija pitoyable, mais tout de suite, ça a accroché». Pour lui, c’est son «côté naïf» qui lui a valu ce succès.

Mais les hauts et bas qu’il a connu pendant cette période l’ont parfois plongé dans une sorte d’ «incertitude». Il lui arrivait parfois à se demander s’il avait fait le bon choix en abandonnant «femme, domicile…», bref le confort qu’il avait en France pour revenir dans son pays d’origine. Heureusement, il a toujours su rester motivé par sa passion pour la radio et se dit «fier d’être revenu». D’autant plus qu’après Chaîne Inter, il s’est retrouvé à Chada FM, puis Radio Mars, avant de déposer ses valises à Radio 2M où il enchante encore les auditeurs aujourd’hui.

«Le Maroc est un pays que j’apprends encore à connaitre»

Malgré ces neuf années passées au royaume, Noreddine se sent toujours très français. Le Maroc «est un pays que j’apprends encore à connaitre petit à petit. Je ne suis pas véritablement intégré. Je suis un Marocain de France, mais je me sens très français», confie-t-il. Mais quand il regarde à toutes les années écoulées, l’animateur se dit «fier de [son] parcours».