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Grand Angle

Décompensation du gaz butane : Benkirane devra faire face au lobby agricole

Le gouvernement Benkirane s’apprête à s’attaquer à la deuxième phase de la décompensation. La bonbonne de gaz est plus que jamais dans le viseur. Mais une telle décision mettrait l’exécutif dans une confrontation directe avec le puissant lobby des grands agriculteurs, principaux bénéficiaires de la subvention de ce produit.

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La décompensation du gaz butane serait en cours de finalisation. Même si le ministre de la Communication continue de démentir toutes les informations annonçant l’imminence d’une telle décision, au risque de contredire d’autres membres du gouvernement, tout laisse penser le contraire. Les propos du ministre chargé du dossier et les engagements pris par son supérieur hiérarchique au gouvernement et au parti laissent penser que ce dossier sera clos en 2015.

Mardi à la Chambre des représentants, le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed El Ouafa, n’a pas caché aux députés que le cabinet Benkirane travaillait sur un scénario permettant de réduire la facture salée de la subvention du gaz butane. Mais pour atténuer les effets d’une telle mesure, il a tenu à préciser que le gouvernement réfléchissait en même temps à comment alléger le fardeau d’une hausse des prix des bonbonnes du gaz pour les plus  démunis.

Abdelilah Benkirane avait déjà commencé à préparer le terrain à cette reforme. Lors de son passage à la Chambre des conseillers en décembre dernier, il avait estimé le cout des subventions au gaz à 13,7 milliards dirhams en 2013, soit environ 1,5% du PIB. En 2015, ce chiffre devrait nettement baisser. Sur le marché mondial, le prix de la tonne du gaz a subi une chute vertigineuse, passant de 1 000 dollars en 2012 à 300 dollars ces derniers jours, selon les chiffres annoncés mardi à la Chambre des représentants par un El Ouafa tout sourire.

Sauf qu’un document du FMI sur les fluctuations des cours des matières premières entre 2012 et 2015 contredit les propos du ministre. La baisse de 70% avancée par El Ouafa n’est en effet que de l’ordre de 20% pour le gaz en provenance de Russie et de 25% pour l’indonésien. En revanche sur le marché domestique américain, où les couts du gaz sont moins chers par rapport à l’Europe, le cours n’a quasiment pas changé.

Le gouvernement est-il préparé pour une confrontation avec le lobby agricole ?

Mais si l’exécutif n’a pas encore trouvé la formule magique pour résoudre cette problématique, il n’a d’autres choix que de s’y atteler. Les institutions financières le presse pour mettre fin aux subventions du gaz comme il l’avait fait avec l’essence et le gasoil en 2014. Sauf que l’entreprise ne sera pas de tout repos. Le puissant lobby agricole, le principal bénéficiaire des tarifs actuels, ne devrait pas accepter une bonbonne de gaz à 100 dirhams sans aucune compensation en échange.

C’est justement là où se situe la véritable opposition au projet gouvernemental. L’agriculture moderne, notamment celle destinée à l’exportation, consomme des quantités importantes de butane dans les opérations de pompages des eaux des puits. Auparavant, ils utilisaient le gasoil bon marché avant que ses prix ne flambent.

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