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Grand Angle

Faillite : Une autre compagnie maritime marocaine sur les traces de la Comarit

Dettes auprès des fournisseurs et banques, arriérés de salaire, fermeture de bureau sans préavis, navires à l’étranger vendus, navires bloqués à quai au Maroc, la descente aux enfers d’IMTC n’a pas fait grand bruit. Pourtant la compagnie est en train de suivre le même parcours qui a conduit la Comarit à la liquidation judiciaire. Certains membres d’équipage se sont confiés à Yabiladi.

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Au cœur de la tempête Comarit en mars 2013, le PDG du groupe IMTC alertait sur la nécessité pour le gouvernement de mettre la main à la poche afin d’éviter la disparition des bateaux marocains du détroit de Gibraltar. Aujourd’hui deux ans plus tard, au moment où une petite structure telle qu’Intershipping commence à émerger, la compagnie considérée comme le second maillon fort du pavillon chérifien est sur le point de disparaître.

Depuis 2012 déjà, l’activité d’IMTC commençait à rencontrer des difficultés. Vers fin 2013, la compagnie s’était retrouvée dans un gouffre de dettes auprès de ses fournisseurs et des banques. N’ayant pas pu remonter la pente faute de moyens financiers, elle a cessé progressivement certaines activités, jusqu’à la fermeture de ses bureaux vers «avril - mai 2014», comme le souligne à Yabiladi un employé administratif de la compagnie qui a requis l’anonymat. «C’est vrai qu’après il y a eu de petites activités, mais c’était de manière ponctuelle», ajoute-t-il. En février 2014, la société liquidait ses navires restés à quai en Allemagne.

Un an et demi d'arriérés de salaires

Actuellement le patron est souffrant. D’après les membres d’équipage, Mohamed Karia se fait traiter en Espagne. Ce que confirme à Yabiladi Brahim Karfa, secrétaire national de l’Union marocaine du travail (UMT), un syndicat qui suit de près le dossier en faveur des marins notamment. «Il n’a pas déposé le bilan, mais l’entreprise ne fonctionne plus. Ça fait six mois qu’il se fait soigner en Espagne», assure-t-il. «Sa femme a pris la relève juste après son départ espérant sauver la compagnie, mais elle n’a pas réussi. Après elle, c’était un Marocain d’Espagne qui était venu assurer la relève. Mais je l’ai rencontré il y a quelques temps, il disait être déçu. Il est finalement retourné en Espagne», raconte le Commandant Okaidi qui détient toujours les clés des quatre navires restés à quai à Tanger.

N’ayant pas régulièrement perçu leurs salaires depuis 1 an et demi, une partie des marins a porté plainte début février. L’un d’eux, le commandant Azouli Ahmed, est tellement dépassé par la situation qu’il préfère en rire. «Nous n’avons aucune source de revenu. Pour survivre, on se débrouille», confie-t-il soulignant que la dernière fois que les marins ont reçu de l’argent de la part d’IMTC remonte à l’Aid El Kebir 2014.

Une nouvelle société pour le clan Karia ?

Depuis le dépôt de la plainte, c’est le statu quo. «On essaie de leur envoyer des messages, mais jusqu’à présent, on n’y est pas parvenu. Le siège est déjà fermé», déclare à Yabiladi l’avocate des marins, Me Rabia Mabrouk. Ne risque-t-ils pas de connaitre le même sort que les marins de la Comarit qui, après avoir espéré pendant un an que les choses s’améliorent sur fond de fausses promesses de leur employeur, attendent depuis deux ans que leur plainte aboutisse ? «Chaque procès a ses caractéristiques et sa particularité. On espère que ça se passera bien», répond l’avocate.

D’après les membres de l’équipage d’IMTC, les Karia auraient créé une nouvelle société à Tanger, baptisée «Andalucia Maritime International». Les Commandants Okaidi et Azouzi en parlent en tout cas de manière assez sure. La société en question est bel et bien référencé sur les deux sites spécialisés charika.ma et lasociete.ma, mais les noms de ses dirigeants ne sont pas mentionnés. Il s’agit d’une société à «actionnaire unique», peut-on lire.

Même si le sort d’IMTC reste encore flou, la trajectoire dans laquelle la compagnie est engagée semble dessiner sa fin, même si Me Mabrouk préfère restée optimiste. Avec cette nouvelle défaillance, le nombre de marins au chômage s’est considérablement accru, avec tous les déboires sociaux que cela peut entrainer pour la vie de ces hommes.

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