Une association amazighe a demandé à François Hollande de reconnaitre la responsabilité de l’Etat français dans la guerre chimique au Rif. Le Rassemblement mondial amazigh (RMA) avait adressé en ce sens une lettre au président français. L’ONG y demande une «réparation collective» pour la population de la région, victime de l’utilisation par l’armée tricolore de gaz létaux entre 1921 et 1927.
Durant cette période, la France avaient fourni à l’armée espagnole des quantités importantes de gaz chimiques qui ont servi à tuer un grand nombre de civils rifains. Une mission qu’elle avait assumée jusqu’à la défaite des troupes du maréchal Lyautey dans la bataille de Ourgha en juillet 1925 face aux mêmes combattants d’El Khattabi. L’Hexagone s’était ensuite engagé pleinement dans les opérations gazage au Rif.
Hollande promet d’examiner les demandes
Dans son message le RMA exigeait de Paris la fourniture aux centres hospitaliers d’Al Hoceima et Nador d’appareils à même d’alléger le fardeau des personnes atteintes de cancer, souvent démunies. Et ce n’est pas un hasard si le Rif connait l’un des taux les plus élevés de malades atteints de cancer au Maroc, estiment des associations locales.
La réponse de François Hollande n’a pas tardé. Son directeur de cabinet précisait que le président a bien reçu la lettre de l’association amazighe, soulignant que le dossier a été soumis au secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants, relevant du ministère de la Défense. Et d’ajouter que le Rassemblement mondial amazigh sera informé à temps de l’évolution de cette affaire.
La balle est dans le camp des autorités françaises ? En attendant une reconnaissance officielle de Paris de son implication au côté de l’Espagne du roi Alphonse XIII, le grand-père de Felipe VI, des ONG marocaines tentent comme elles peuvent de mobiliser l’opinion internationale sur le drame de l’utilisation de gaz chimiques au Rif.
En l’absence d’un appui direct de l’Etat marocain, leurs actions désordonnées à peu de chances d’aboutir sur du concret. Cela fait une vingtaine d’année que le dossier est ouvert par le même tissu associatif sans parvenir à contraindre ni la France ni l’Espagne à reconnaitre leurs crimes.