Coup de gueule : Nationalité, immigration, Robert « m'énarve »

Robert m’énerve, et pas seulement parce que c’est un très mauvais animateur qui pose des questions sous forme d’affirmations tellement longues, qu’on a l’impression que c’est lui l’invité. L’ex-président de RSF a oublié les valeurs qu’il défendait… jadis. Apparemment, les valeurs universelles ne valent que lorsque ça concerne des journalistes. Mamadou, Rachid ou Ozturk, enfants nés en France n'ont évidemment pas le droit de bénéficier des droits de l'Homme, réservés à une caste de privilégiés.

Robert souhaite redéfinir les frontières de la nationalité française, pour exclure notamment les musulmans et les tueurs de flics. Si un néo-Français tue un CRS, un inspecteur de police, un gardien de la paix, une pervenche, ou, pendant qu’on y est, toute personne habillée en bleu (un Schtroumph par exemple?), alors il devra être déchu de sa nationalité française. Mais ce n’est pas suffisant pour Robert, il souhaite également remettre en cause l’acquisition automatique de la nationalité française pour les fils d’étrangers né en France. En gros revenir sur le droit du sol pour ne garder que le droit du sang si cher à cette nouvelle noblesse au sang bleu, blanc, rouge.

Qu'elle est belle cette vision des valeurs universelles ou des valeurs de la France qui doivent restées figées, imperméables, immuables. Doit-on faire une datation au carbone 14 pour voir si ces valeurs, tel Hibernatus, remontent à l'âge de glace ? Où devons-nous positionner le curseur ? Doit-on remonter à l'époque de Vichy ? La 4ème République ? Les années 70 ?
Chaque époque connait des changements dans les valeurs d'un pays. Souvent en bien et quelquefois malheureusement en mal…  comme c'est le cas ces dernières années en Europe.
Robert a-t-il oublié qu'il y a seulement 30 ans, les valeurs françaises étaient contre l'abolition de la peine de mort? La majorité des Français s'y opposait.  Il a fallu une volonté politique pour tirer le pays vers le haut, vers des valeurs universelles encore minoritaires en France.

Les valeurs françaises coulent-elles dans les veines ?

Une personne qui nait en France est française tout simplement parce qu'elle ne connait que ce pays. Nabil comme François, sont nés la même année, dans la même petite ville de province, dans le même pays et ont suivi l'école de la République sur les même bancs. Parce que la citoyenneté est une et indivisible, principe même de l'égalité (un truc qui fait partie de la devise de la France m’aurait-on soufflé), c'est pour cette raison qu'il ne faut pas faire de différence entre ces deux gosses. On ne demandera pas à François s’il adhère aux valeurs de la France. Pourquoi alors demander à Nabil ? Est-il présumé incompatible avec les valeurs françaises ? En prime, pourquoi ne pas instaurer une garde à vue ? Quelques coups de bottin sur la tête feront craquer les faux-vrais français.

Nabil, ce Français de seconde zone, chauffe le banc de touche parce que le sélectionneur souhaite garder une équipe bleu-blanc-rouge. Mais le coupeur de citrons, sera par contre en première ligne lorsqu’il s’agira de défendre la nation, comme son grand père l’était en Provence, dans les Vosges, …

Appliquer un traitement d’acquisition de la nationalité différent pour deux personnes nées égales en droits et en devoirs, c’est institutionnaliser les méthodes de certains policiers et le contrôle au faciès. Nabil est forcément un voleur de mobylette, islamo-terroriste qui bat sa femme.  François ? C’est un bon Français. Pas besoin de lui demander s'il adhère aux valeurs de la France puisqu’elles coulent dans ses veines. Un peu comme les valeurs qui coulaient naturellement dans les veines de Pétain.

J’invite tous ceux qui pensent comme Robert Menard et ceux qui ont un cerveau en grève depuis le 11 septembre 2001, de se replonger sur les écrits de nombreux auteurs, philosophes, intellectuels. Ces derniers ont construit cette France qui ne donnait plus aucune valeur à la noblesse, mais surtout de la noblesse aux valeurs.
Cher Robert, je t’invite par exemple à méditer les écrits d’Antoine de Saint Saint-Exupéry qui même s’il ne m’a jamais rencontré m’a dit un jour : «Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis». Depuis ce jour, Bouchta Jebli est devenu le plus français des jeblis.