Anna, une jeune Marocaine de 27 ans ne savait plus où donner de la tête. En 10 ans passés en France, elle a décroché deux licences, deux masters et un diplôme de l’ENA. Un parcours qui devrait normalement lui ouvrir les portes de plusieurs entreprises, mais malheureusement, la Marocaine n’a pas décroché le «job» tant espéré dans l'Hexagone.
«Je ne voulais pas revenir au Maroc, confie au NouvelObs, celle qui voulait bosser dans les affaires publiques. Rapidement, on m’a dit que le secteur était bouché et qu’il valait mieux que je laisse tomber». Anna est toutefois convaincue qu’elle n’avait pas «le carnet d’adresse nécessaire et que personne ne voulait embaucher une étrangère, parce qu’administrativement, c’est très compliqué».
«L’impression qu’on m’a menti»
Cette Marocaine déplore qu’il n’y ait eu aucun suivi à sa sortie de l’ENA comme cela se passe avec les étudiants français. Pire, le casse-tête pour avoir un titre de séjour l’a énormément marquée. «… je ne peux pas candidater à un poste qui ne coïncide pas avec mon expertise professionnelle, dans le but d’obtenir ce titre de séjour», dit-elle au NouvelObs. Pour Anna, le système mis en place en France est trompeur. «… j’ai l’impression qu’on m’a menti. Le système t’explique qu’il faut que tu suives le chemin recommandé, fasses de belles études, […] et puis du jour au lendemain, […] on te traite… comme si t’étais arrivée en France sur un boat-people».
Retour difficile au Maroc
Finalement, Anna a plié bagages pour le Maroc et revenir s’installer chez ses parents qui ont beauocup investi dans ses études en espérant qu’elle s’en sortirait. «Ils paniquent, ils ne comprennent pas la situation», confie la jeune femme avec un brin de culpabilité.
Mais malgré tous ces déboires, Anna a réussi à trouver du travail dans une usine au Maroc. Son diplôme de l’ENA devait lui permettre de travailler automatiquement dans l’administration selon un décret royal, mais celui-ci n’est plus en vigueur. Anna pense qu’elle ne tentera plus l’aventure à l’étranger et estime que sa génération a été «sacrifiée».