Huit représentants des 22 familles de Tamaouanza ont pris la route très tôt ce mercredi matin en direction de Rabat, où ils sont allés rencontrer le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad. C'est sur demande de ce dernier que la réunion a pu se faire, selon les informations recueillies par Yabiladi auprès de Hassan Hari, un des habitants de Tamaounza.
Pour mémoire, ces familles avaient été expulsées du douar par la Cour d’Appel d’Agadir, car la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) qui détient – depuis 2004 – un titre foncier sur le terrain occupé par ces familles, souhaite y réaliser un projet touristique d’envergure. Sauf qu’aucune solution alternative n’avait été proposée, alors que les 22 familles se réclament propriétaires des terres qu’elles occupent de génération en génération depuis 1985, date à laquelle leurs aïeux les avaient acquises.
«Le ministre nous a écoutés. Il nous a aussi dit que la SMIT dispose du titre foncier et c’est pourquoi la justice a tranché en sa faveur. Mais Il a promis qu’il y aura des solutions pour nous», explique Hassan Hari. «Il a dit que ça prendra du temps, peut-être 6 mois, 9 mois ou une année, mais que dans tous les cas, il n’y aura pas d’expulsion tant qu’aucune solution n’est trouvée», ajoute ce père de famille dont le moral était au plus bas après le verdict de la Cour d’Appel.
Haddad dit agir à titre humanitaire
Le maire d’Agadir, Tariq Kabbage s’était récemment chargé du dossier, frappant à différentes portes pour que ces familles ne soient pas mises à la rue après 120 ans de résidence. Il avait même eu un échange avec le ministre du Tourisme à ce sujet qui avait viré en joute verbale entre politiques.
Suite à cet entretien, M. Haddad avait confié à Yabiladi qu’il était disposé à rencontrer ces familles si elles ont besoin d’aide. Chose faite puisqu'il a lui-même pris l’initiative. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction hier, en début de soirée, le ministère précise que la rencontre de ce mercredi avec les familles est à titre «humanitaire». «C’est parce que le ministre a été touché par l’appel à l’aide de ces habitants qu’il les a reçus afin de les écouter», indique la note, soulignant en outre que le département du Tourisme essaiera de les aider «sans intervenir dans le travail de la justice».
Les familles ne seront satisfaites qu'en cas de solution concrète
Les familles de Tamaouanza se sentent rassurées de l’intérêt qu’accorde le ministre à leur sort. «La rencontre d’aujourd’hui nous a beaucoup apaisés», confie Hassan Hari. «Ce n’est pas comme avant. Maintenant, on a vraiment l’impression qu’il peut se passer quelque chose de bien en notre faveur», explique-t-il. Mais il ne crie pas pour autant victoire. «Nous ne serons satisfaits que si nous obtenons quelque chose de concret. Pour l’instant, le ministre nous donné sa parole et nous attendons qu’il la mette à exécution», tranche M. Hari.
Si cette affaire sociale tend à se politiser, l’absence d’échéance par rapport à la solution attendue par les habitants suscite des interrogations, surtout par rapport aux communales de septembre prochain. «J'espère que le ministre n'essaie pas de gagner du temps [en faveur du Mouvement Populaire, ndlr]. J'espère qu'il n'y a pas de calcul politique derrière son action pour faire trainer le problème et après laisser les habitants à leur sort», s'inquiète une source proche des familles. Mais à cela, Lahcen Haddad répond par la négative. «Ce n'est pas pertinent. Pourquoi essaierai-je de gagner du temps ?», demande-t-il, répétant qu'il agit à titre humanitaire. «Il n'y a pas de calcul politique», déclare le ministre.