«Une loi sur l’avortement verra le jour en 2015», a déclaré le ministre de la Santé, El Houssaine Louardi sur la matinale de 2M dont il était l’invité ce jeudi 12 mars. D’après lui, tous ceux qui s’opposent à une loi favorable à l’avortement, les oulémas en l’occurrence, «doivent se plier à la décision des experts».
Une loi sur l'avortement verra le jour en 2015 - Mr Louardi, Ministre de la santé #OuiMaisNon
— Matinale Radio 2M (@matinaleradio2m) 12 Mars 2015
En effet, le président du Conseil supérieur des oulémas d’Oujda n’a pas caché son opposition à l’orientation gouvernementale lors de la rencontre nationale - première du genre -sur «L’avortement : Encadrement législatif et exigences de sécurité sanitaire», organisée hier par le ministre. «Une femme enceinte doit affronter cette réalité, quelles que soient les circonstances», a-t-il affirmé, arguant que «les cas d’interruption de grossesses ont augmenté dans les pays qui ont aboli les dispositions incriminant ce phénomène», rapporte L’Economiste. Le religieux brise également tout argument mettant en avant la malformation du fœtus. Ce «n’est qu’un simple critère esthétique qui ne devrait pas donner droit à l’avortement», a-t-il avancé.
«L’actuelle loi ne tient pas compte de la réalité des Marocains»
Mais résolu à faire avancer un dossier qui a connu beaucoup de péripéties, le Pr El Houssaine Louardi s’est déjà lancé dans son plan d’action pour la libéralisation du droit à l’avortement. S’articulant autour de trois axes, ce programme prévoit de renforcer la prévention des grossesses non désirées via l’éducation sexuelle et reproductive, faciliter l’accès des femmes aux prestations de santé reproductive sans crainte d’être poursuivie en justice après un avortement clandestin. Le dernier point consiste à la refonte de la législation qui passera également par une réforme du Code pénal, plaide le ministre, estimant les textes régissant l’avortement «restrictifs, non équitables et dépassés». «Cette loi ne tient pas compte de la réalité des Marocains», a-t-il dit, soutenant qu’elle «ne peut plus de répondre aux défis actuels de protection de la santé de la mère».
D’après M. Louardi, l’autorisation de l’avortement ne doit pas uniquement concerner les cas de viol, inceste ou malformation et ne doit pas se limiter à la femme mariée. Il estime que la nouvelle loi permettra «la réduction de la mortalité maternelle causées par l’avortement non sécurisé», sachant que 4,2% des décès maternels au Maroc sont causés des complications de l’avortement.
Le ministre estime également qu’une législation favorable à l’avortement entrainera une baisse du cout tant pour l’Etat qui prend en charge les victimes d’une complication d’avortement que pour les candidates à l’avortement. Il faut dire que parmi les femmes ayant recourt à l’avortement clandestin, dont le nombre est estimé entre 600 et 800 par jour au Maroc, beaucoup d’entres elles payent plusieurs centaines, voire milliers de dirhams pour interrompre leur grossesse.
L’orientation du département de la Santé a trouvé un écho favorable auprès de ceux qui se battent pour mettre fin à ce phénomène, notamment le Dr Chraibi, intervenant à la rencontre national en qualité de président de l’Association de lutte contre l’avortement clandestin. Aïcha Ech-Chenna de l’Association Solidarité Féminine au Maroc s’est quant à elle félicitée du développement envisagée de l’éducation sexuelle et reproductive.