Le roi Mohammed VI a refusé de s’entretenir téléphoniquement avec le président nigérian, Goodluck Jonathan. Le ministère des Affaires étrangères indique, dans un communiqué, que les autorités d’Abuja «à travers la Présidence de la République, ont introduit une demande pour un entretien téléphonique entre le Président de ce pays et Sa Majesté le Roi -Que Dieu L’assiste- et l’envoi d’un émissaire au Maroc».
Le Nigéria reconnait la «RASD»
La même source ajoute que le monarque «n’a pas jugé opportun d’accéder à cette demande du fait que la démarche est liée à des échéances électorales importantes dans ce pays». En effet, le scrutin présidentiel a été repoussé au 28 mars à cause des attaques de l’organisation terroriste de Boko Haram.
Le texte du département de Salaheddine Mezouar affirme qu’une conversation téléphonique entre Mohammed VI et le président-candidat serait de nature «à faire croire à un rapprochement entre le Maroc et le Nigéria». Abuja reconnait, depuis plusieurs années, l'autoproclamée «RASD». Avec Alger et Pretoria, elle forme l’axe de soutien au Polisario sur la scène africaine et internationale.
Cette année, l’Algérie et le Front comptent sur le Nigéria, en sa qualité de membre non-permanent au Conseil de sécurité, pour plaider les thèses des amis de Mohamed Abdelaziz.
Récupérer le vote musulman
Le communiqué souligne que «la demande des autorités nigérianes s’apparente plus à un acte de récupération de l’électorat musulman de ce pays qu’à une démarche diplomatique normale». En effet, le royaume chérifien a une influence notable auprès de la communauté musulmane, installé dans le nord. Une proximité qui est resté à l'abri des aléas de la politique. Elle s’est même raffermie avec le temps. Preuve en est la demande du Conseil islamique nigérian de l’instance de l’Iftaâ, adressée au cabinet royal en juillet 2014, pour former des imams nigérians.
Les musulmans croient que l’armée de Goodluck Jonathan serait de mèche avec l’organisation terroriste de Boko Haram, en la laissant étendre son influence sur des zones où se concentrent de nombreux musulmans. C’est, d'ailleurs, la position exprimée en novembre dernier, par Mohamed Saâd Aboubaker, le chef de cette communauté.