Un véritable langage de sourds se déroule actuellement entre Reporters Sans Frontières et le ministère de la Communication. Alors que l'organisme international publie souvent des rapports et communiqués sur l’état de la liberté de presse et les pressions à l’égard des journalistes au Maroc, le ministère de la Communication ne cesse de le contredire. Les communiqués entre les deux camps ne cessent de dénoncer ou de démentir les dires de l’un ou l’autre.
Jeudi, RSF a de nouveau fustigé la situation de la liberté d’expression et les pressions sur les journalistes au Maroc, citant diverses actions qui ont été menées par les autorités marocaines pour empêcher la tenue d’activités ou le tournage de reportages dans le pays. L’organisme, dans ce communiqué parvenu à Yabiladi, fait ainsi référence à l’expulsion des journalistes Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, à l’arrêt de tournage de l’émission «Hadit Al Awassim» de l’équipe de journalistes de France 24 arabe en janvier dernier. Il cite entre autres l’annulation d’une rencontre internationale sur le journalisme d’investigation de la fondation allemande Friedrich Naumann à Rabat ainsi que l’affaire Mahmod Al-Lhaissan, journaliste sahraoui toujours poursuivi en état de liberté provisoire.
La tutelle ne compte pas céder
Mais le département de Mustapha El Khalfi ne compte pas se laisser faire. Ce vendredi, le ministère de la Communication a de nouveau publié un communiqué, dénonçant le rapport de RSF sur le Maroc et ré-expliquant qu’il ne reflète pas la réalité dans le pays. Il a également rappelé que les journalistes qui n’ont pas pu effectuer leur tournage au Maroc n’étaient pas en règle car ils ne disposaient pas d’autorisations et d'accréditations.
Le ministère estime par ailleurs que RSF ne prend pas en compte toutes les avancées réalisées ces dernières années sur la question de la liberté de presse et du statut du journaliste, faisant ainsi référence au nouveau code de la presse.
En réponse, l’organisme rappelle que les trois les projets de loi, portant sur la presse et l’édition, sur le statut du journaliste professionnel et sur le Conseil national de la presse, présentés par le ministère de la Communication le 18 octobre 2014, n'ont toujours pas été adoptés. Le feuilleton risque donc de continuer. La suite dans le prochain épisode...