Il est connu que la corruption est monnaie-courante au Maroc. Les derniers résultats livrés par le baromètre mondial 2009 de Transparency international sont loin d’être flatteurs pour le royaume. Classé 89ème sur 180, le Maroc ne récolte que 3,3/ 10 sur l’indice de perception établie par l’ONG. L’administration avec ses 800 000 fonctionnaires est bien évidemment l’épicentre de ce mal qui touche 98% de Marocains.
Le gouvernement tente donc de réagir et va très prochainement adopter lors de ses conseils hebdomadaires un plan anti-corruption 2010-2012. Plusieurs mesures sont à l’ordre du jour. Il va s’agir en somme d’intégrer les technologies de l'information comme moyens de lutte tout en prenant en considération les recommandations de l'Instance Centrale de Prévention contre la Corruption et de Transparency Maroc.
Ainsi, dans les administrations, on verra l’introduction de bornes électroniques de tickets pour ordonner les files d’attentes. Les jours des «Chaouchs» semblent ainsi comptés car ces portiers n’auront plus à siéger dans les services. Le système de pointage quant à lui devrait voir le jour pour obliger les fonctionnaires à plus de ponctualité. D’autre part, le gouvernement décide de généraliser l’accès aux concours de la fonction publique ainsi que la création d’une plateforme pour toutes les entreprises du secteur public pour une meilleure transparence des procédures de recrutement, d'informations et d'investissement.
Telles sont quelques unes des 36 mesures pré-adoptées. Seulement, l’Etat semble oublier de prendre des dispositions protégeant les dénonciateurs des cas avérés de corruption. Aucune loi ne les protège jusqu’à présent et ils restent juridiquement vulnérables aux pressions et autres harcèlements. Mais sont-ils les seuls oubliés de ce plan ? Probablement non.
Les MRE dans tout ça ?
Qu’en est-il du cas des MRE ? Ils vont certes tirer profit d’une meilleure efficacité du système administratif, à l’instar des autres citoyens du pays. Notamment lorsqu’il s’agira d’effectuer des procédures administratives au Maroc pendant les vacances ou pour des cas plus urgents. Mais, les tracasseries policières sur les routes et points de passage qui ne se règlent qu’avec des billets glissés connaitront-elles fin avec ce nouveau plan ? Certainement non. C’est devenu un sport national qui se pratique au quotidien et que l’on surenchérit l'été.
Les salaires assez bas des hommes en tenues pourraient expliquer cette pratique, mais il faut reconnaître qu’ils sont peut être les moins corrompus. Car les mieux placés touchent encore plus gros. C’est dire en définitive qu’adopter des plans de lutte contre la corruption, c’est bien et c’est la moindre des choses pour un gouvernement. Mais éduquer les consciences à pouvoir mesurer le danger de ce fléau et à s’entrainer pour s’en détourner c’est encore mieux. Et là, il semble bien que le gouvernement ne soit pas le seul qui doit descendre sur ce terrain.