Menu

Grand Angle

« Nichane » : Victime d'un crime publicitaire ou mort naturelle ?

La nouvelle est arrivée jusque dans la presse française : l’hebdomadaire en darija «Nichane», petit frère de TelQuel, a dû mettre la clé sous la porte. La cause ? Pour Ahmed Benchemsi, directeur de publication de TelQuel, Nichane a été «victime d’un boycott publicitaire persistant initié par le holding royal ONA/SNI, le plus important groupe économique du Maroc». Peut-être, mais pas seulement. Décryptage.

Publié
Quelques couvertures de l'hebdomadaire Nichane
Temps de lecture: 4'

C’est incontestablement une perte pour la diversité de la presse marocaine. Vendredi 1er octobre, l’assemblée générale des actionnaires du magazine Nichane a décidé d’arrêter sa publication. Le déficit encouru était trop important : dans un communiqué publié sur le site de TelQuel, son directeur Ahmed Benchemsi indique que le magazine aurait accumulé des pertes de 10 millions dirhams, une «hémorragie irréversible».

Nichane, étouffé par un boycott des cercles du pouvoir ?

Selon lui, cette hémorragie s’explique d'abord par de nombreuses confrontations avec la justice. Procès d’opinion, saisies policières – en bref, des épisodes qui soulevaient des doutes fondés sur la liberté de la presse au Maroc. Mais en dernière instance, la fermeture serait due à «l’étouffement financier par le biais du boycott publicitaire», affirme Benchemsi.

Au départ, le holding royal ONA/SNI aurait initié un mouvement de boycott à l’encontre de Nichane, un mouvement suivi ensuite par «de multiples grands annonceurs étatiques, paraétatiques et proches du pouvoir opérant dans les principaux secteurs de l’économie marocaine». Et «par décision politique», même des annonces citoyennnes et d’intérêt public auraient été «interdites de passage sur les publications du Groupe TelQuel».  Ainsi, selon Ahmed Benchemsi, «la disparition de Nichane n’est que le dernier épisode de la grave détérioration de la liberté de la presse au Maroc.»

Il est indéniable que les signes concernant la liberté de la presse ne sont pas à la détente actuellement. Mais ne faut-il pas chercher aussi les causes dans le modèle économique de la presse arabophone au Maroc ?

La presse arabophone, moins de publicité mais plus de lecteurs

D’ailleurs, Benchemsi explique lui-même que contrairement à la presse française, le marché publicitaire de la presse arabophone est «très restreint», et «principalement regroupé autour des grands annonceurs proches du pouvoir». Outre le boycott, il y a donc des difficultés de la presse arabophone en général d’avoir des annonceurs. Les milieux d’affaires préfèrent cibler le public francophone, qui représente des classes sociales aisées et plus intéressantes en matière commerciale.

En même temps, il y a beaucoup plus de lecteurs arabophones que francophones au Maroc. Pour preuve : selon les statistiques de l'Organisme de justification de la diffusion (OJD), le quotidien Al Massae vendait en moyenne 101122 exemplaires par jour en 2009, venant ainsi en tête des journaux payants et suivi d’Assabah (72868). Pour comparaison, le premier quotidien francophone, Le Matin, vendait 23805 exemplaires, suivi de l’Economiste (19805).

Nichane, un hebdomadaire qui peinait à décoller

Par conséquent, s’il y a moins de potentiel publicitaire, la presse arabophone peut avoir des tirages beaucoup plus conséquents – et équilibrer son modèle économique. L’exemple de l’Economiste et d’Assabah qui font tous deux partie du groupe Eco Médias, est très parlant dans ce contexte. Considérant que tous deux sont comparables sur le plan de la rentabilité, Assabah (arabophone) a besoin de 3,6 fois plus de ventes que l’Economiste (francophone) pour sortir du déficit.

Si l’on applique ce calcul – il est vrai, approximatif – au duo TelQuel et Nichane, les ventes de «l’hebdomadaire arabophone le plus vendu au Maroc» ne sont pas si impressionnantes. En 2009, TelQuel se vendait à 22480 exemplaires, tandis que Nichane n’arrivait qu’à 20267 exemplaires. Selon notre calcul, ces ventes devraient environner les 82710 exemplaires pour rentrer dans un cas de figure semblable au duo du groupe Eco Médias. 

Une ligne éditoriale novatrice, mais inadaptée ?

Malgré sa publication en dialecte marocain, Nichane n’a donc pas réussi à toucher un nombre assez important de lecteurs, et pour cause. La ligne éditoriale n’était certainement pas en phase avec les attentes d’une grande partie des lecteurs arabophones. Comme l’exprime Benchemsi, «ses cover-stories ont souvent créé l’événement», mais pas forcément de manière à atteindre un plus grand public. La laïcité, des critiques des cercles royaux, la sexualité etc. sont en partie des sujets qui peuvent fâcher des possibles annonceurs, et en cela, l’hypothèse du boycott est très plausible, comme cela doit être le cas pour TelQuel. Mais en premier lieu, ces sujets ne sont pas «grand public» pour un lectorat arabophone. La comparaison des lignes éditoriales de l’Economiste et d’Assabah illustre d’ailleurs ce que s’adapter au public peut dire : ajouter une grande portion de populisme... malheureusement ! Rachid Nini, ancien chroniqueur chez Assabah et fondateur du quotidien Al Massae l'a également compris. On a d'ailleurs assisté à une surenchère de contenu populiste entre les deux quotidiens pour accaparer un lectorat important et acquérir une taille critique.
Peut-être faut-il se rendre à l'évidence, avoir une ligne éditoriale basée sur la laïcité, l'évolution des moeurs n'est pas très vendeur auprès du public arabophone. 

Ne pas crier au loup trop tôt…

Alors, l’hebdomadaire est-il mort de causes naturelles ou pas ? Il y a certainement des deux. Le boycott de certains annonceurs a surement été un accélérateur. Un hebdomadaire arabophone à moindre ventes, Al Michaal, semble par exemple avoir assez de recettes pour continuer de publier. Mais en même temps, l’affirmation de Benchemsi selon laquelle le «standard de qualité élevé» et la «large diffusion» de Nichane «auraient dû en faire, légitimement, un support publicitaire incontournable», est à nuancer. Pour un média arabophone au Maroc, il en faut (malheureusement) plus pour devenir un «support publicitaire incontournable».

la vérité
Auteur : citoyen00
Date : le 07 octobre 2010 à 15h38
de quel journal nous parlons ici quel journal était fermé au maroc ??? on ne connait pas !!! nous vivons dans notre chère pays et on a jamais entendu parlé d'un journal fermé sauf s'il a mal géré ses finances je demande a mr benchemsi de cesser ses monsonges qui ne font que décredibiliser son image et l'image de son pays ou il mange son pain et dans lekel il a fait fortune je lui demande moi un citoyen pur marocain qui aime son pays du fond du coeur de cesser de mentir et pleurer auprès les étrangers car ce ne sont pas eux qui vont acheter ses magasines qui sont pas au niveau

et je vais expliquer pourquoi ? les gens ne veulent plus de tes magasines mr benchemsi car vous massacrez le moral des citoyens le maroc en permanance le maroc dans lekel tu vis plein de magouilles et 9walebs existe seulement dans ta tête essaye de monter des dossiers vrais qui intersse vraiment le maroc comme le fait sidek nini le directeur de journal el massae lui au moins il attaque les vrais voleurs mais toi avec tes magasins pétoyables moi et la majorité des lecteurs marocains n'ont pas envie de les lire car ils sont tout simplement fultiles

voici mon avis et je l'écrit indépendament hamdolilah je ne suis ni journaliste ni politicien je suis un simple citoyen donc arrete de pleurer et essaye de te rattrapper un peu

ça veut dire quoi tout ça?...
Auteur : MOHAMMED
Date : le 06 octobre 2010 à 09h57
Si on n'a pas le soutien financier des annonceurs proches du pouvoir, on ne peut pas faire du vrai journalisme d'investigation au Maroc?
Ce serait vraiment malheureux. Il est question alors du principe d'indépendance des médias. Seraient ils tous sous contrôles des magouilleurs qui gravitent autour du premier cercle de pouvoir?
Faudrait peut être penser à des subsides alors... parce que si certains fonctionnaires ne font pas leur boulot (à cause de la corruption ou de pression), au moins les journalistes pourront continuer à révéler au grand jour les magouilles de ces petites mafias.
Patriot VS traitre
Auteur : sonofsun
Date : le 05 octobre 2010 à 21h45
@ Ali_ben_Barri,

le proverbe que tu viens de nous citer illustre bien la maturité des journalistes au maroc quand il s'agit de l'echec envers leurs lecteurs et a aucun cas mon acharnement contre benchemsi et ses serviteurs.

j'ai donné reference "almassae" (en ce qui concerne nichane) parce que Nini était le seul a nous faire un editorial constructif avec des arguments et des informations que la plupart des marocains igonraient...et de toute façon si une des information s'avére fausse, benchemssi aurait démenti directement. sache aussi que je ne suis pas un fervent lecteur de nini, moi je lis tout ce qui a un rapport avec le pays, je lis en français, en arabe, en aglais et en néerlandais...et je n'ai aucune preference de l'un ou de l'autre en ce qui concerne la presse au maroc....par contre, en lisant les uns et les autres, je m'aligne à ceux qui sont proches a mes principes (islam - patrie - monarchie)....moi, nini que tu trouves populiste et je respecte ton avis, je le trouve au moins patriot que ton fameux benchemsi qui manque de patriotisme (qui méne à la traitresse), ce méme populiste "qui se base sur deux providences le pouvoir et l'honneur religieux" , sache que la plupart des marocains partagent ces mémes principes...ce méme journaliste populisteà été boycotté dans le passé par les publicitaires francophones par ce qu'ils dénonçaient le lobby français au maroc (ahh oui on a jamais entendu l'ambassade de france, RSF, ....denonçaient une telle betise). par contre quand il s'agit de benchemsi, les medias français, espagnoles poigntent le doigt le maroc, on denonce la liberté d'expression au maroc et on va jusqu'au droits de l'homme au sahara marocain et ce qui s'est passé dernierement avec la commission europeenne qui se trouvait au maroc le we dernier. Benchemsi à mes yeux est un nain dans les mains de son patron et du lobby français qui lui donnent les instructions à excuter. POINT.

je ne suis pas ici pour défendre nini, mais si j'ai un choix à faire entre Mohamed (saws) et descarte, mon choix bascule vers la raison.

Bien à toi.

ps: j'ai eu mon bac au maroc, je viens d'une famille casablancaise d'une classe moyenne ......et je reste attaché à "allah alwatan almalik".
Nini Vs Benchemsi
Auteur : Ali_ben_barri
Date : le 05 octobre 2010 à 18h08

"mennin ka6e7 lba9ra .. kay9waw jjnawa"

Alors comme ça, on donne le très médiocre Nini comme source d'explication. Il fallait vraiment l'oser!

Nini est un populiste, celui là même qui qualifie la darija de sous langue de la rue ... et n'hésite pas à en faire son fonds de commerce ... C'est un peu la vedette de sa rubrique.

La différence entre Nini et Benchemsi, c'est que le premier est élevé à la plume arabe qui mise tout sur la dialectique et sert au lectorat les phrase qui font du buzz, ses arguments sont basés sur deux providences : Le pouvoir (religieux la plus part des cas) et l'Honneur ( religieux dans la plus part des cas également).
Benchemsi lui, suit l'école scalaire, dans la linié direct de Descartes. Il dit ce qu'il y a en mettant de coté les considérations cacophoniques ... C'est pour ça qu'il plait pas au pauvre peuple. Car le peuple a besoin de se convaincre que ses positions sont justes ..

C'est triste de voir comment on en est encore là quant la pensée européenne a dépassé ce ridicule déjà au 17 siècle (J.Swift) et 19 (A.Schopenhauer).


ps: Avant de me voir attribuer chez pas quoi, je précise que j'ai un bac marocain et que mes parents sont pauvres et sont au Maroc profond.
Dommage
Auteur : lemzah
Date : le 05 octobre 2010 à 16h36
On peut toujours déplorer l'extinction d'une voix qui semble autre que celle de la langue de bois. Mais... parcequ'il y a un mais, on ne peut pas non plus reprocher aux annonceurs leur prise de position! Je ne peux tout de même pas soutenir quelqu'un pour m'insulter!!! C'est abérrant. Il me parait donc inintelligible de part du quotidien Nichane d'emprunter une voie qui mènait à sa perte.
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com