La lune de miel entre l’Etat marocain et les salafistes se poursuit. Vendredi, les services de la wilaya de Rabat en ont donné une nouvelle preuve en autorisant la coordination des détenus islamistes à tenir un point de presse au siège de la Ligue marocaine des droits de l’Homme, association très proche de l’Istiqlal. La conférence était essentiellement consacrée aux allégations de torture dans les centres de détention au Maroc.
Les participants étaient unanimes pour dénoncer le fossé entre le discours officiel et les faits réels. Ils estiment que l’objectif de l’humanisation des conditions d’incarcérations, annoncée depuis 1998, est aujourd’hui loin d’être une réalité. Ils ont également appelé en toute liberté à juger les tortionnaires. Pour cela, la coordination demande au ministre de la Justice, Mustapha Ramid, d’ouvrir des enquêtes sur de présumés cas de torture.
Les salafistes poursuivent leurs manifestations sans être inquiétés
Parallèlement à la conférence de Rabat, les partisans de la coordination des détenus islamistes ont organisé, avec bien entendu la bénédiction des autorités, un sit-in devant la mosquée Fatima-Azahra à Fès. Environ deux cents personnes étaient présentes pour cette manifestation. Mais alors que les derniers rassemblements avaient pour but de dénoncer les caricatures de Charlie Hebdo du prophète Sidna Mohamed, celui-ci voulait sensibiliser l’opinion publique sur les mauvais traitements qu’auraient subis les salafistes dans plusieurs prisons du royaume.
Autre changement, le sit-in de la coordination n’était pas silencieux. Un des manifestants, micro à la main, a prononcé un discours très critique vis-à-vis de l’Etat marocain. Il n’a pas hésité à accuser les autorités de commettre des violations des droits des détenus islamistes. Et personne n’est venu l’inquiéter.
La relative tolérance accordée aux manifestations des salafistes marocains, de plus en plus fréquentes, n’est pas sans susciter des interrogations. Quand on voit comment les autorités se sont montrées promptes à interdire des activités de l’AMDH ou à expulser des journalistes français car ils n’avaient pas eu le feu vert du Centre marocain de cinématographique, cela pourrait être interprété comme un deux poids, deux mesures plutôt intriguant.