Geert Wilders a du poids dans son pays et ses déboires avec la justice n’auraient aucun effet sur sa popularité grandissante. La semaine dernière, il a conclu un accord avec le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) et l’Appel démocrate-chrétien (CDA) afin de former un exécutif minoritaire, le premier depuis la Seconde Guerre mondiale. En effet, après les législatives anticipées du 9 juin, les Libéraux du VVD avaient obtenu 31 sièges de députés sur 150, devant les travaillistes du PvdA (30 sièges), le PVV (24 sièges) et les chrétiens-démocrates avec 21 sièges. Aucune majorité n'a pu se dégager de cette constellation.
Le CDA a longtemps refusé la négociation car le VVD arrivé premier aux élections n’arrivait pas à trouver un compromis avec le PVV. Trois mois après, un accord sur une coalition gouvernementale minoritaire entre Libéraux et le CDA, soutenue par la formation populiste de Geert Wilders, a été conclu mardi 28 septembre. Quelques jours après, le congrès du CDA a validé l’accord conclu, malgré le mécontentement de nombreux de ses poids lourds au cours de négociations. Ainsi, le groupe parlementaire du CDA devrait entériner la formation du gouvernement minoritaire demain mardi, 5 octobre.
L’immigration au centre de l’accord tripartite
Cet accord historique prévoit un soutien du PVV aux deux autres partis au sein de la Chambre des députés. Même si le PVV ne participerait pas au cabinet gouvernemental, Geert Wilders et sa formation sont donc des maux nécessaires voire indispensables à la formation d’un gouvernement. De Volkskrant, l’un des grands quotidiens néerlandophone du pays, titrait sur la une de son édition du 1er octobre, «Le gouvernement Wilders». Selon le quotidien amstellodamois, «bien qu’il ne dispose d’aucun siège à la Trêveszaal (la salle où se réunissent les ministres), son esprit est bien là». Le PVV, ouvertement islamophobe a posé des conditions en échange de son soutien à la coalition, notamment l’instauration d’amendes pour tous les sans-papiers, l’interdiction du Coran, ainsi que la destitution de la nationalité néerlandaises pour toute personne coupable de crimes ou de délits importants.
L'avenir montrera lesquelles de ces conditions seront réellement adoptées. Pour le moment, selon Wilders, «il y aura une interdiction de la burqa». A la présentation le jeudi de l’accord tripartite, Geert Wilders a ajouté selon l’AFP, que «nous voulons que l'islamisation soit stoppée». Outre la burqa, l'accord prévoit d'interdire l'entrée sur le territoire aux dignitaires religieux radicaux, d’accélérer les procédures d'expulsion des immigrés ayant commis des crimes et le renvoi de ceux qui échouent à un examen pour l'obtention d'un permis de séjour.
Islamophobe aujourd’hui et pour toujours
Accusé d’incitation à la haine raciale et à la discrimination contre les musulmans, pour avoir comparé l'islam au nazisme et le Coran à «Mein Kampf» d'Adolf Hitler par voie de presse, Geert Wilders est resté lui-même ce lundi matin au tribunal. «J'ai dit ce que j'ai dit et je n'en retirerai pas un seul mot», a-t-il déclaré à l'audience, d’après Reuters. L’homme qui s’est dit investi d’une mission, celle d’empêcher l’islamisation des Pays-Bas, a par la suite invoqué son droit au silence. Il a toujours clamé son droit à la liberté d’expression et a toujours été sûr de son acquittement.
Le procès qui a repris aujourd’hui après une audience préliminaire en janvier dernier, rendra son verdict le 4 novembre prochain. Wilders risque au maximum un an de prison et 7600 euros d’amende.