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Tribune

Racisme : « Ma lettre ouverte au monde »

Je m’appelle Kenza, je suis née à Bruxelles en 1983. Le Maroc est le pays de mes origines. Je suis fière de dire aujourd’hui que je suis Belge, Marocaine de la région du Rif, musulmane, mais avant tout un être humain imprégné de plusieurs cultures et d’expériences dans le monde. Tout cela a fait ce que je suis aujourd’hui.

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J’ai grandi à Bruxelles dans une famille aimante. J’ai été éduquée dans l’islam et dans les valeurs que cette religion représente. Nous vivions dans l’humilité, la modestie, dans la simplicité, dans l’amour et le respect de l’autre. J’ai grandi à Bruxelles, là où je me suis construite en tant que citoyenne, là où j’ai évoluée dans une société pleine de couleurs, pleine de richesse culturelle.  

Quand j’étais enfant, je posais beaucoup de questions. J’étais très curieuse. Je voulais tout découvrir très vite. Quand j’étais enfant, je rêvais de pouvoir être adulte avec un métier qui me permettra très rapidement de pouvoir aider ceux qui sont dans le besoin. Quand j’étais enfant, j’avais un petit journal dans lequel j’inscrivais toutes les choses que je ferai quand je serai grande pour ne pas les oublier. Quand j’étais enfant, ma petite chambre était mon univers, mon monde où je créais, imaginais sans cesse toutes les idées que je voulais réaliser lorsque je serai plus grande. J’ai vécu toute mon enfance avec le sentiment profond que je serai toujours entourée de ma famille pour me protéger, pour être aimée et pour pouvoir ensuite voler de mes propres ailes.

Malheureusement, l’environnement dans lequel je vivais paisiblement s’était très vite dégradé. Les relations entre les gens étaient devenues très tendues et conflictuelles. L’attaque des tours du World Trade Center aux Etas Unis a très vite eu un impact en Europe. Ensuite, ça été la montée de l’extrême droite. Les musulmans étaient presque tous devenus de potentiels terroristes. Ce climat de tensions avait atteint son apogée. 

Le 7 mai 2002

Ce climat de haine et de violence a fini par m’enlever ce que j’avais de plus cher au monde. Le 7 mai 2002, mes parents ont été assassinés par un homme animé par la haine et le rejet de l’autre. Mes parents ont été tués vers 4h du matin durant leur prière de l’aube. L’assassin avait également tiré plusieurs balles sur mes petits frères qui n’avaient que 6 ans et 11 ans. Ils avaient été gravement blessés mais ont pu survivre à ce terrible carnage.

Cet homme avait décidé que nous n’avions pas le droit de vivre. Il n’y avait aucun doute, c’était bien un crime raciste. Cet homme s’en est pris à nous parce qu’il considérait que n’étions pas de la bonne couleur, pas de la bonne religion, pas de la bonne culture. Après que l’assassin se soit suicidé dans les flammes de l’incendie qu’il a lui-même provoqué, j’ai échappé à la mort de justesse car il avait également mis le feu à ma chambre. J’ai été sauvée par mon voisin Gérard. Il restera à jamais mon héros.   

Le 7 mai 2002 fut le jour le plus horrible de ma vie. Ce jour-là, j’étais dévastée par une tristesse que je pensais presque insurmontable. J’avais 18 ans et j’étais orpheline. J’ai été privée brutalement et à jamais de l’amour et de la tendresse de mes parents. Après un tel drame, beaucoup de questions ont envahi mon esprit. Comment peut-on vivre normalement après un tel choc ? Comment pourrai-je continuer à vivre dans un monde sans la présence de mes parents ? Comment peut-on surmonter une telle tragédie ?

Et j’ai prié Dieu de toute mes forces pour garder la foi et croire qu’un autre monde était possible, que nous ne sommes pas voués à vivre dans la violence, que la paix pouvait être une réalité si tout le monde y contribuait.

Durant les années qui ont suivi la mort de mes parents, j’ai essayé de me situer dans le monde qui m’entoure. J’ai essayé de réfléchir à ce qui pourrait avoir du sens pour moi. J’avais la conviction que je devais porter un combat pour honorer la mémoire de mes parents. J’avais l’impression que j’avais une responsabilité et que je devais faire connaître l’histoire de ma famille au monde entier. Je voulais faire savoir à tous que mes parents avaient un jour existé parmi nous et qu’ils avaient aussi contribué à une société juste et tolérante. Je me suis battue pour la mémoire de mes parents et pour qu’un drame comme celui-ci ne se reproduise plus. Je me suis battue de toutes mes forces pour faire que ce drame serve de leçon.

La Palestine

J’ai dû faire face à beaucoup de déception mais j’ai aussi rencontré beaucoup d’amour, de fraternité, de leçons de vie, de solidarité. J’ai appris à être humble face à la vie pour lui donner un sens. J’ai effectué plusieurs voyages humanitaires parce que j’étais en quête de vérité. Je voulais comprendre comment tous ces conflits se produisent dans le monde, comment peut-on arriver à prendre une arme et tirer. Je me suis laissée guider vers ce qui avait du sens pour moi. Mon engagement pour la Palestine m’a appris la plus belle leçon de toute ma vie. Je me suis rendue là-bas pour être proche de leur souffrance pour finalement comprendre ma propre souffrance. Je me suis sentie plus forte et plus déterminée dans mon engagement pour un monde meilleur. Les Palestiniens m’ont appris à rester digne malgré la souffrance et la douleur.

J’ai vite compris aussi qu’il faudra du temps pour trouver des réponses à mes questions, et surtout qu’il faudra que je me batte pour un jour trouver une paix intérieure. J’ai compris qu’il faudra que je m’attende à des moments de doute, de découragement mais je n’ai jamais renoncé, et je ne renoncerai jamais pour porter la vérité, pour porter ce vrai message d’espoir qui nous rassemble tous. C’est peut être utopique pour beaucoup de personnes car nous faisons encore et toujours face à autant de violence. Mais si j’ai choisi de ne pas baisser les bras, ce n’est pas seulement pour résister mais c’est aussi pour faire prendre conscience que personne n’est à l’abri d’une telle tragédie. Il m’est insupportable de constater encore trop d’indifférence et de silence face aux violences racistes qui continuent de faire la une de l’actualité. Aujourd’hui, si j’ai choisi de ne pas sombrer dans la haine, c’est parce que je suis convaincue que c’est uniquement l’amour, la compassion et le respect qui pourront faire que cette paix soit possible pour l’humanité entière.

Gandhi a dit : «Sois le changement que tu veux voir dans le monde». Cette phrase a souvent résonné dans mon esprit. Je suis donc revenue à moi, à ce qui a fait que je suis un être humain pour renforcer mes convictions, pour ensuite les partager. Je me suis accrochée à ma foi, à ma religion et aux valeurs de paix et d’amour qu’elle représente. C’est grâce à cela que j’ai pu retrouver une paix intérieure.

Vous savez, lorsqu’on sent cette énergie spirituelle, on a plus peur, on n’a plus de raison d’avoir peur. Tel est mon rapport à ma religion. Tel est le vrai sens de l’islam.   

Notre humanité

Aujourd’hui, il est important de dialoguer, de prendre conscience que ce qui nous rassemble tous, c’est notre humanité. D’où qu’on vienne, il faut apprendre à pouvoir s’accepter tel que l’on est, avec nos différences, avec nos valeurs. Tel est mon message tant que je serai en vie.

Mon âme est terriblement attristée lorsque je constate que les crimes racistes continuent de sévir. J’ai une pensée particulière pour Deah Barakat, Yusor et Razan Abu-Salha, ces trois jeunes américains et musulmans tués aux Etats Unis. Je suis restée sans voix pendant plusieurs jours, sans pouvoir mettre des mots sur ce terrible évènement. J’étais quasi en état de choc pendant plusieurs jours. Toutes les images du drame qu’a connu ma famille ont défilé dans ma tête. J’ai eu l’impression de tout revivre comme ce jour où cet assassin est entré dans notre appartement pour abattre mes parents. Cela veut tout simplement dire que cela peut arriver à n’importe qui d’autre. Le constat est là. C’est pour cette raison que tout le monde est responsable. Que l’on cible une mosquée, une église ou une synagogue, nous devons tous nous indigner de la même façon et condamner avec la même fermeté.

Aujourd’hui, je partage mon expérience car je suis certaine que nous avons un rôle à jouer. Je suis certaine que chacun d’entre nous peut contribuer à construire cet autre monde auquel je crois. Cet autre monde où le respect, la solidarité, la fraternité pourront être ces vraies valeurs qui nous lient ensemble d’où que l’on vienne. 

Aujourd’hui, je suis devenue une femme mais j’ai réussi à redevenir cette petite fille que j’étais car je souhaitais tout simplement retrouver cette innocence, cet émerveillement face aux belles choses que la vie nous offre. J’avais la crainte d’être gagnée par la peur et la tristesse le restant de mes jours. Mes parents sont toujours présents dans mes prières et dans mes actes. J’honorerai leur mémoire jusqu’à la fin de mes jours. 

Tribune

Kenza Isnasni
Militante contre la xénophobie
Sur et certains .
Auteur : Oujdaoui.
Date : le 17 avril 2015 à 19h05
Ces gens que ta cité , comme tu l avais dis se sont des fanatiques , des fous et des malades et n ont rien avoir avec l islam .
L islam condamne énormément ces gens qui s entretuent en son nom .
Tu parle des africains , oui c est affreux de voir dans qu elle situation ils y sont , mais le Maroc a du mal a subvenir aux besoins de ses citoyens et ne peut pas accueillir toute les misères d Afrique et ça na pas empêché en 2014 la régularisation de 16.000 de ces malheureux .
Dernière modification le 17/04/2015 19:07
ni oui ni non
Auteur : Ljubane
Date : le 16 avril 2015 à 09h45
Certes l'épanchement lyrique à quelque chose de déplacé, mais nous ne sommes pas tous armés pour exprimer de manière adéquate ce que nous avons à dire. Puis que faire de ce témoignage? Quel intérêt? Un plaidoyer pour la tolérance? A quel lecteur s'adresse ce genre d'article? C'est sans aucune condescendance j'espère, un joli témoignage pour des collégiens, qui sont aussi des lecteurs. Ce peut être une manière d'intéresser les plus jeunes à la lecture de la presse.
tu es sur de ce que tu dis??
Auteur : bbram
Date : le 02 avril 2015 à 17h06
@ El Berkani

joli ton message! mais cette affirmation:

....OU FLEURIT L ISLAM , IL NE PEUT Y AVOIR AUCUNE TOLERANCE POUR LE RACISME ...

tu es sur de ça??
nous marocains comment on traite les africains qui transitent par le maroc et qui y restent coincé, ...entre chleuh et 3roubi,etc.....on a pas grand chose a envier au racisme de la France,

tu dis ça aujourd'hui en 2015
....la guerre entre sunnites et chiites au yemen, en irak, sans même parler de daech, boko haram, et toute la clique.., ceux là pratiquent mal l'islam bien sur, même très très mal, mais ce ne sont ni des juifs ni des chrétiens ni athée,...ce sont des musulmans, fous ou malades peut être, mais des musulmans!

ou bien alors l'islam dont tu parles n'a pas fleurit encore sur terre! sinon je ne vois pas sur quel terre ni a quel époque les hommes n'ont pas été racistes!!!!

d'où l'intérêt du beau et juste message Kenza, il faut croire en l'HUMANITE et combattre le racisme partout ou il est, sachant qu'il sera toujours là, plus ou moins fort, mais toujours là, juste parce qu'il fait partis de la nature humaine,

et ce n'est pas vrai ce que tu laisse entendre, que si on est musulman on est pas raciste!!!
lettre ouverte au monde?
Auteur : idbel
Date : le 05 mars 2015 à 18h08
une lettre ouverte au monde relayée uniquement sur yabiladi a ma connaissance, en tout cas je l'ai vue dans aucun media francais... ca montre a quel point ca les interesse de combattre le racisme.
Combat injuste
Auteur : sahr-rawi
Date : le 27 février 2015 à 13h19
c'est une histoire éternelle , le conflit entre l'orient et l'occident. c'est une guerre sur tout les dimension...mais malheureusement on a pas la même angule de vision pour bien juger le coupable et l’innocent. si on parle de twin centre d’Amérique et de charlie hebdo ...on trouve que tout les médias sont engagé pour gonfler et donner un ampleur surnaturelle a ces fait divers qui sont conséquence des causes secret et mal traité par les média...et lorsqu'on parle de la guerre en mali , la situation en iraq et afghanistan et en syrie presque tout le monde islamique et toucher par les moyen militaire de l'occident, des millions des enfants et femmes innocents sont tuer par la machine militaire manipuler par des profiteur très haute gradé de l'occident....je suis très bien qu'il y as des victimes ( comme Kenza) qui veulent pas être partie de cette opération naturel d'action et réaction et ils veulent une vie tranquille avec une page vierge...mais y a d'autre dizaine de personnes ( dans les deux parties ) qui seront manipulé par les gros têtes ( les profiteur de conflit , pétrole , arme , argent) qui seront l'essence de la machine orienter et gérer par les médias et l'ignorance.
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