La polémique enfle au Canada après les déclarations d’un imam d’origine marocaine sur l’islam et la démocratie. Hamza Chaoui avait estimé que l’islam est incompatible avec la démocratie, car ce système permet notamment d’élire des représentants homosexuels ou athées. Des propos homophobes qui font que l’imam est depuis quelques jours l'une des cibles de la presse.
En plus de ces propos, cet ancien étudiant en génie électrique à l'Université Laval s’est distingué pour ses déclarations sur les femmes. Il estime que ces dernières doivent avoir un tuteur et pense aussi que la musique doit être proscrite. Hamza, qui est suivi par plusieurs adeptes sur sa page Facebook, entend ouvrir un centre communautaire islamique en mars prochain (le centre «Ashababe») pour prêcher les vertus de l'islam auprès des jeunes Montréalais.
Expulsé d’un centre communautaire à Anjou
Malheureusement pour l'imam, son projet se heure déjà à plusieurs oppositions, car il est accusé d’être un «intégriste» et de tenir des «discours dangereux» dans une société de droits. Il a même été expulsé d'un centre communautaire pour ses propos «à la limite de la radicalisation», confie à LaPresse.ca un représentant de la communauté musulmane d'Anjou, ce qu'a nié l'imam. La ministre de la Sécurité publique et députée d'Anjou-Louis-Riel, Lise Thériault, a également confirmé cette expulsion, car Hamza Chaoui est «vraiment radical, vraiment à l'extrême». «Ils trouvaient que ses propos étaient inacceptables et ils ne les approuvaient pas», a précisé à la même source Lise Thériault.
Pour le représentant de la communuaté musulmane d'Anjou, qui s'est exprimé en gardant l'anonymat, «tout dérapage, ça ne nous intéresse pas, parce que ça se retourne contre notre communauté. Notre objectif est de protéger nos enfants et la communauté». Pour sa part, la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Kathleen Weil, a estimé que Hamza Chaoui tient des propos «dangereux» qui n'ont pas leur place dans une société de droit comme le Québec. La ministre estime toutefois que le gouvernement n'a pas le pouvoir de l'empêcher d'ouvrir un centre communautaire islamique destiné aux jeunes.
«Pas de tribune» pour radicaliser les jeunes
Du côté de la mairie de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (l'arrondissement en question), on a déjà tranché. «Des informations obtenues auprès des différents organismes responsables de l'application de la loi m'ont convaincu qu'il est de mon devoir de ne poser aucun geste de nature administrative qui aurait pour conséquence d'offrir une tribune à l'imam Hamza Chaoui», a dit à LaPresse.ca Real Ménard, le maire de l'arrondissement. Mieux, l'élu de Montréal, Denis Coderre, estime que Hamza pourrait faire naître des tensions sociales. «Nous avons affaire aujourd'hui à un agent de radicalisation. Nous avons affaire à un fomenteur de tensions sociales», a-t-il expliqué.
Julius Grey, avocat spécialisé dans les questions de libertés individuelles a estimé sur Radio Canada que la décision de la ville (d’interdire l’ouverture d’un centre communautaire à Hamza) pourrait être sujette à contestation devant la cour. Si le zonage du terrain où devait se retrouver le centre communautaire est adéquat, Hamza a tout à fait le droit d'obtenir un certificat d'occupation. Selon lui, la ville ne doit pas lui refuser l'octroi de certificat seulement dans le but de prohiber l'expression d'une opinion.
Par ailleurs, l'université où a étudié l'imam se refuse tout commentaire. Elle a estimé qu'elle n'est pas en mesure de fournir des détails personnels sur un étudiant, selon le Journaldemontréal. Mais l'établissement va désormais demander à l’Association étudiante musulmane de l’Université Laval (AEMUL) que «celle-ci obtienne l’autorisation de l’institution avant la venue d’un conférencier ou leader spirituel.»