C’est l'élément qui pourrait changer beaucoup de chose dans la crise diplomatique franco-marocaine qui dure depuis près d’un an. Amedy Coulibaly, l’auteur du meurtre d'une policière perpétré au lendemain de la tuerie chez Charlie Hebdo à Paris, est un habitué du Maroc. Le djihadiste a en effet séjourné dans le royaume pendant trois à quatre jours en 2014, 2010 et 2009, a révélé la police française, selon une dépêche sur le site de iTélé. Ainsi, le dernier séjour de l’homme qui a aussi abattu de sang-froid quatre personnes dans l’hypercasher parisien, date du 30 mai au 4 juin derniers, d’après la même source. Une seule question préoccupe désormais les enquêteurs : Qu’est venu faire Amedy Coulibaly au Maroc ?
Rabat aurait-il pu aider Paris à prévenir cet attentat ?
Les services secrets marocains auraient-ils pu aider leurs homologues français à prévenir l’attentat de la porte de Vincennes ? C’est la question qui se pose à présent. Sans même que cette information ne soit publiquement révélée, Claude Guéant faisait allusion, mercredi, au fait que le Maroc aurait «peut-être» pu aider la France à prévenir l’attaque contre Charlie Hebdo. Or les résultats des enquêtes ont prouvé que l’un des frères Kouachi, Chérif, avait des liens avec Amedy Coulibaly dont la compagne était également proche des deux frères. «Il y avait des renseignements disponibles quelques part, qui peut être n'ont pas été exploités», et peut-être «même pas communiqués», a-t-il déclaré.
Au lendemain du drame de Paris, l’UMP appelait à une reprise de la coopération sécuritaire et judiciaire entre le Maroc et la France. Charle Pasqua a même clairement regretté l’état «considérablement distendu» des «relations avec le Maroc, qui était l'une de nos principales sources de renseignement».
Vers un réel dégel des relations diplomatiques ?
Aujourd’hui, le retour à la coopération franco-marocaine n’est plus seulement prêchée par l’opposition française. Hier, jeudi, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé qu’il se rendra «prochainement» au Maroc pour essayer de «rétablir des relations telles qu'elles n'auraient jamais dû cesser d'être».
Le «tapis rouge» déroulé par Rabat, la semaine dernière, à la présidente de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée française semblait annoncer une nouvelle ère dans les relations diplomatiques bilatérales. Un processus, s’il y a, que la révélation des séjours répétitifs et récents de l’auteur de l’attentat de la porte de Vincennes pourrait accélérer. D’autant plus que le Maroc fait face, lui aussi, à la menace terroriste. Mardi dernier encore, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste à Fnideq, une ville du Nord, non loin de Tanger.
Après l’annonce des séjours d’Amedy Coulibaly en Espagne et en Belgique, les deux gouvernements ont immédiatement ouvert des enquêtes. Le Maroc leur emboîtera certainement le pas.