Officiellement, le royaume est solidaire avec la France dans l’épreuve qu’elle traverse. L’attaque terroriste contre Charlie Hebdo est vivement condamnée par presque toutes les composantes de la classe politique à quelques exceptions près. Un élan de soutien qui a pourtant ses limites. La première édition des assises de la culture marocaine à Tanger a donné l’occasion à Rachid Talbi Alami, le président de la Chambre des représentants, de revenir sur «le 11 septembre français» mais selon une approche particulière.
Tout en dénonçant la fusillade du 7 janvier, le RNIste s’est interrogé sur les raisons ayant présidé au choix de la ligne éditoriale du magazine spécialisé dans «la provocation des sentiments des musulmans» et multipliant «les attaques de leurs sacrés au nom de la liberté d’expression» par la publication de caricatures blasphématoires du prophète. Une manière pour lui de prendre sa distance avec la campagne «je suis Charlie Hebdo».
Premier haut responsable locale à exprimer une telle position
Les propos de Talbi Alami ont dû choquer quelques participants aux assises. Une réunion marquée par la présence d’intellectuels, tels le président de l’Union des écrivains du Maroc et le chanteur engagé libanais Marcel Khalifa, ainsi que de politiques, à l’image du ministre de la Culture, Amine Sbihi du PPS, et le maire de Tanger, Fouad El Omari, du PAM. Des personnes qui se réclame nt pour la plupart de la gauche laïque.
Néanmoins la position défendue par la 3ème personnalité au Maroc, derrière le chef du gouvernement et le roi, est parfaitement conforme avec la politique prônée par l’Etat vis-à-vis de l’attaque contre Charlie Hebdo. Le royaume a énergiquement condamné l’assassinat de 12 membres de la rédaction du magazine mais a refusé de prendre part à la marche à Paris, du 11 janvier, à cause justement des fameuses caricatures. Une décision largement saluée dans le monde arabe par de simples citoyens mais aussi par de célèbres journalistes à l’instar du Palestinien Abdelbari Atouane, dont les écrits sont pourtant loin d’être pro-Maroc.