Apparemment, la diffusion de deux reportages sur Al Oula et 2M très critiques à l’égard du président Abdelfatah Al Sissi ne serait guère un acte isolé ou l’œuvre d’une partie inconnue, comme se plaisait à dire l’ambassadeur du royaume au Caire. Dans la soirée de vendredi, le Mouvement populaire, parti membre de la coalition gouvernementale, est par miracle sorti de sa torpeur en publiant un communiqué dénonçant les propos d’une animatrice d’une émission sur la chaîne MBC Masr, insinuant que le Maroc est une terre de sorcellerie. Un préjugé très répandu au pays des pharaons et dans la région du Golfe.
Un timing qui n’est pas innocent
«Ces positions toutes faites et racistes attestent d’une totale ignorance de la culture marocaine et de l’Histoire du peuple marocain», lit-on dans le texte du MP, dont le secrétaire général est Mohand Laenser, le ministre de l’urbanisme au sein du cabinet Benkirane. Et d’ajouter que ces «attitudes immorales (...) ne servent pas les causes des peuples arabes et les nobles missions des journalistes, soutenant les valeurs de fraternité, de connaissance et de solidarité entre les peuples».
Le timing de la sortie médiatique de cette formation politique n’est guère fortuit. Elle intervient au lendemain des fameux reportages d’Al Oula et 2M et avec un temps de retard puisque le dérapage médiatique remonte au lundi 29 décembre. Après avoir observé le silence pendant quatre jours, tout d’un coup, le Mouvement populaire, oublie l’affaire Ouzzine et la fronde menée par Abdelkader Tatou, et se rappelle qu’une présentatrice d’une émission en Egypte a attaqué le royaume.
On peut s' attendre à un effet boule de neige avec des réactions des autres partis politiques. En effet, ce genre de sortie médiatique sur des questions internationales, s'inscrit le plus souvent dans une démarche groupée pour ne pas dire concertée. On a pu le constater par le passé lors de crises avec l'Espagne de Aznar, ou plus récemment avec la France de Hollande.