La prise de position concerne une enquête du journaliste Youssef Boufous, publiée en deux épisodes dans les numéros 197 et 198 des Echos quotidien du 23 et 24 août 2010. Suite à un rachat massif desdits numéros, nous avions également mis à disposition ces articles à nos lecteurs.
Le journaliste y avait relaté une longue affaire en justice entre des acheteurs de logements et deux sociétés immobilières, Douja Promotion groupe Addoha – dont M. Anas Sefrioui est le PDG – et Euro Africa Trade (E.A.T.), détenue personnellement par M.Sefrioui selon les informations du journaliste. Les activités des sociétés, de même que M. Sefrioui personnellement, y ont été fortement critiquées, comme en témoigne les titres : «Sefrioui épinglé par la justice», «Récit d'une affaire aux allures de scandale». Par la suite, le PDG de Douja Promotion a fait valoir son droit de réponse auprès du quotidien.
Un droit de réponse envers les Echos, publié sur Yabiladi
Ce droit de réponse, ne l'ayant pas obtenu de la part du journal, M.Sefrioui l'a exercé en nous envoyant une lettre adressée à M. Samir Chaouki, directeur de la publication des Echos (voir encadré). Le quotidien annonce également un «complément d'enquête» avec une prise de position du patron du groupe Addoha à paraître dans le numéro du jeudi 2 septembre.
Dans cette lettre, attachée en format pdf, M. Sefrioui se défend des accusations et met lourdement en cause la rédaction des Echos. M. Sefrioui «conteste en bloc la teneur de la prétendue 'enquête'» des Echos quotidien, qui aurait de plus fait «fi des éléments communiqués au rédacteur des articles par le représentant du GROUPE ADDOHA». Pour rappel, le journaliste s'était, quant à lui, plaint du manque de communication de la part du groupe Addoha.
Ce que le journaliste aurait occulté
Sur le fond, plusieurs critiques sont faites à l'encontre de l'auteur de l'enquête, à commencer par une «confusion entre les procédures civiles initiées par un certain nombre de clients de la Société EAT (Euro Africa Trade) et entre la citation directe déposée par un certain nombre de personnes pour des prétendus délits pénaux», soit un amalgame entre le civil et le pénal.
La principale accusation relevée par le journaliste Youssef Boufous sur les 5000 dirhams «d'avances» payées par les acheteurs de logements «pour réserver leurs appartements» et sans services rendus en contrepartie serait «totalement fausse», selon M. Sefrioui. «Il ne s’agissait ni de frais de réservation, ni d’avances, mais uniquement du prix de certaines prestations ou de certains travaux», ajoute-t-il.
Pas de lien à faire entre EAT et Douja Promotion
D'autre part, les deux sociétés que cite le journaliste seraient à considérer à part dans cette affaire. Dans ce sens, M.Sefrioui conteste la mise en cause de Douja Promotion, alors que les frais incriminés étaient payés à la société E.A.T.
Cette question est un des éléments centraux des procédures en justice, et le journaliste n'aurait pas évoqué toutes les décisions de justice prises à cet égard, «quoique mis au courant». Des «arrêts rendus par la Cour d’Appel qui ont prononcé la défense à exécution provisoire de certains jugements», les «recours exercés à l’encontre d’un grand nombre de jugements», les «jugements de déboutés rendus par d’autres chambres du Tribunal de Première Instance de Casablanca» manquaient à l'analyse du journaliste. Surtout, l'auteur n'aurait «pas cru devoir évoquer les jugements qui ont fait droit aux assignations en restitution déposées par la Société Douja Promotion à l’encontre des bénéficiaires de dizaines de jugements déjà exécutés», des jugements qui confirmeraient la version de M.Sefrioui autant sur la nature des frais que sur la différence à faire entre EAT et Douja Promotion.
La dernière réfutation, de poids, concerne une «rémunération financière au titre de la «réservation» des appartements». L'article soutiendrait que M.Sefrioui les aurait percu pour son propre compte, ce qui, selon l'incriminé, «constitue une accusation mensongère et trompeuse contre laquelle je m’inscris en faux et pour laquelle je réserve tous mes droits que je ferai valoir, en temps utile, car je n’ai jamais perçu, pour mon propre compte, un seul centime des montants versés par les clients au titre de prestations ou de travaux».
En conclusion, M. Sefrioui estime que «la volonté de [lui] nuire, à titre personnel, s’impose à la lecture des deux articles incriminés». Il reviendra aux lecteurs d'en juger, mais pas seulement. Car M.Sefrioui a décidé de poursuivre le directeur de publication du quotidien Les Echos, Samir Chaouki, pour «diffamation». Une affaire à suivre...