Grand Ramdam : Mitterrand et Amara sifflés par le public

La musique maghrébine, particulièrement le raï et le chaâbi marocain, était à l’honneur de la première édition du Grand Ramdam, un nouveau festival organisé par le ministère de la Culture et de la Communication, le parc de la Villette et la Cité de la musique. En tant que principal initiateur de l’événement, Frédéric Mitterrand a déclaré à l’AFP, dans l’après-midi, vouloir faire de Paris, «une des capitales des musiques méditerranéennes». Voulant briller par sa présence aux concerts du Grand Ramdam, il a aussi souligné que «dans le Ramadan, il y a un aspect festif et culturel. C'est une période fondamentale pour beaucoup de citoyens français et beaucoup de gens qui vivent en France. Je voulais que le ministère soit présent à cette occasion».

Le ministre ne s’est pas contenté de déclarations, il s’est rendu en compagnie de Fadela Amara, sur un des lieux des concerts. Toutefois, la manifestation de solidarité n’était pas du goût de tout le monde. Alors qu’ils essayaient de s’adresser au public depuis une passerelle, juste avant l'entré en scène du groupe marocain Nass El Ghiwane, les deux ministres ont été chahutés par la masse.

La tentative de Mitterrand de gagner les sympathies du public - «vous êtes venus ici pour écouter de la musique et pas pour écouter des ministres» - a été vaine. Se montrer au public n’était finalement pas une meilleure idée, a reconnu plus tard le ministre. Fadela Amara a également eu son compte. Même son petit vœu en arabe «Saha ftourkoum» (bon ftour à tous)  n’a pas échappé aux sifflets.

Cependant, tous les spectateurs n’ont pas apprécié ces chahuts. Hocine, 34 ans, a déploré le comportement de la foule. «Cela n'avait aucun sens de les siffler. Encore une fois, les gens qui vont voir les images vont associer ces troubles avec les Maghrébins. L'objectif, c'était de s'amuser, pas de faire passer un message politique», a-t-il fait remarquer.

Les sifflets étaient-ils dirigés contre les deux ministres ? Hocine a peut-être raison, quand il a affirmé qu’il ne s’agissait «pas de faire passer un message politique». En effet, les spectateurs auraient certainement préféré ne pas être interrompus par un message politique. D'autant plus que si l'on parle politique, de plus en plus de Français sont agacés par ce que déclare et entreprend le gouvernement envers les jeunes de banlieue, les musulmans, les immigrés en général, et tout récemment les Roms. De ce fait, les ministres du gouvernement actuel doivent faire face à des signes de mécontentement, à chaque fois qu’ils se retrouvent en public. La présence de Fadela Amara, ne serait pas non plus étrangère à cette situation. Celle qui est entrée dans l’exécutif en juin pour mettre en place justement une politique urbaine cohérente, notamment l'aménagement de certaines banlieues, serait de plus en plus désapprouvée par des citoyens qu'elle prétend représenter.