ADN : Hitler aurait-il des origines chleuh ?

A l'origine de la découverte, un journaliste et un historien belges, Jean Marie Mulder et Marc Vermeeren. Depuis plusieurs années, les deux s'intéressent à la famille proche et lointaine d'Adolf Hitler; ils s'étaient notamment investis à faire des recherches sur le présumé fils français de Hitler, Jean Loret. Ces recherches qui ont abouti à la rédaction d'une série d'articles et un livre publié en allemand*, avaient d'ailleurs été reprises de manière peu professionnelle de la part de médias internationaux en quête de buzz médiatique, comme le rapportait Rue89 en septembre 2009.

A la chasse aux traces ADN des présumés parents de Hitler

L'approche du duo journaliste-historien pour établir ou non la parenté (pas seulement de Loret) avec Hitler : utiliser la méthode scientifique la plus avancée, c'est-à-dire les tests ADN. Pour cela, il fallait cependant obtenir des traces ADN des personnes choisies auxquelles les journalistes prêtaient une parenté proche ou lointaine avec Hitler, en commençant par l'ADN des deux arrière-neveux de Hitler, vivant aux Etats-Unis et dont la parenté avec Hitler ne fait aucun doute.

Cette chasse aux traces ADN s'est avérée difficile, surtout concernant les deux arrière-neveux, récalcitrants, et Jean Loret, qui, lui, est décédé en 1985 à Saint Quentin dans l'Aisne. Une serviette jetée par mégarde par un des arrière-neveux, un mégot conservé depuis plusieurs décennies fumé par un lointain cousin de Hitler, et la salive d'un timbre qu'aurait humecté Jean Loret en adressant une lettre à sa présumée famille en Autriche ne sont que quelques uns des objets relevant des traces ADN récupérés par Mulder et Vermeeren.

Résultats à l'époque «décevants»...

Pour ceux qui enquêtaient sur un descendant possible du dictateur nazi, les résultats des analyses ADN étaient, à première vue, plutôt décevants. Comme le rapportait Rue89, le laboratoire avait trouvé que les 36 Autrichiens que Mulder et Vermeeren avaient choisi partageaient le même chromosome «Y» que les arrière-neveux de Hitler. Un lien de parenté était donc établi. Par contre, l'échantillon de Jean-Marie Loret ne porte pas ce même chromosome «Y». A Mulder de conclure sobrement : «De deux choses l'une : soit il n'est pas le fils, ce que je pense. Soit ce n'est pas lui qui a léché le timbre de la lettre qu'il a envoyée».

… mais aujourd'hui plus qu'ironiques : Hitler d'origine berbère ?

Mais ce n'est pas la fin de l'histoire, car la médecine rend possible de plus amples analyses, notamment sur les gênes dont sont porteurs ces parents proches et lointain de Hitler. Et là-dessus, les résultats viennent de tomber : selon le journal belge Knack qui cite Mulder dans son édition du 18 août, un chromosome de l'haplopgroupe E1b1b aurait été relevé dans les échantillons prélevés par Mulder et Vermeeren. Cet haplogroupe qui désigne la famille génétique du chromosome, est rare en Allemagne et en Europe occidentale. Selon l'article Wikipedia à ce sujet, «il représente la plus récente migration majeure d'Afrique vers l'Europe», tout en restant présent surtout en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et, à moindre échelle, parmi les populations des pays de la rive nord de la Méditerranée. La plus haute prévalence (plus de 80%) d'un des sous-groupes de cet haplogroupe se retrouverait chez les Berbères du Maroc. Il y a des chances que le «boche» Hitler soit lié aux (véritables) chleuhs...

Pour en avoir le cœur (encore plus) net, une analyse de l'ADN de Hitler lui-même serait souhaitable, et le magazine Knack rappelle que Moscou aurait gardé une mâchoire de Hitler, tout comme un drap taché de sang, datant de son suicide le 30 avril 1945. Le magazine aurait fait la demande aux autorités russe d'en prélever un échantillon.

Dans tous les cas, si «pour la science moderne, il n'y a plus de races», le professeur Ronny Decorte estime qu'au vu des résultats déjà publiés, «Hitler n'aurait pas été heureux». Pour le journaliste Mulder, son analyse démontre que selon ses propres critères, Hitler n'était pas «pure aryen». Il était lié génétiquement à des gens qu'il méprisait.

*Jean-Paul Mulders, Auf der Suche nach Hitlers Sohn: Eine Beweisaufnahme. Herbig Verlag, 2009