Yabiladi : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à ne pas prendre part à un forum aussi important ?
Il y a plusieurs raisons qui nous ont incitées en tant que l’AMDH à ne pas prendre part à ce Forum mondial des droits de l’Homme. Parmi ces raisons, j’insiste seulement sur deux. En premier lieu, il y a la déception de l’association et du mouvement des droits humains du fait du refus de l’Etat de répondre à la demande d’assainir le climat politique avant la tenue du forum, et la poursuite de son agression à l’encontre des défenseurs des droits humains au Maroc. En deuxième lieu, nous avons constaté que la préparation du forum s’est faite dans une opacité délibérée et dans l’absence de transparence concernant les programmes et la gestion.
Mais ne pensez-vous pas que participer au FMDH aurait été une occasion pour l'AMDH d'évoquer les atteintes aux droits de l'Homme devant toutes les instances présentes ?
Compte tenu de l'attaque continue dont est victime notre association en particulier, et l’ensemble du mouvement des droits humains de manière générale, nous avons considéré que notre participation au forum n’aurait aucun sens ou signification. Nous avons surtout pensé que notre présence en dehors du forum va nous donner beaucoup de liberté pour prendre les initiatives nécessaires, d’autant plus qu’elle nous évitera de gêner nos amis dans les autres associations qui ont choisi d’y participer.
Au regard de l'engouement qu'il y a autour du forum, les organisateurs que l'événement a reçu un écho très positif... Et du côté de l'AMDH ?
Je pense que la question de la réussite ou de l'échec de cet événement ne peut pas être mesurée sur la base du seul aspect quantitatif, mais sur la base des résultats obtenus. Ces sont ces résultats-là qui sont censés contribuer au développement du système des droits de l'Homme et améliorer les conditions du respect de ces droits dans notre pays et dans le monde.
Quel est votre point de vue sur les annonces lors du FMDH sur la ratification du 3ème protocole de la Convention contre la torture ou le renforcement du respect des droits des enfants, par exemple ?
Le problème qui existe au Maroc n’est pas lié seulement à la ratification de conventions internationales sur les des droits humains. Il consiste surtout en l'absence de lois qui protègent les droits et libertés et cela doit émaner de la volonté de l’Etat. C’est lui seul qui doit garantir le respect des droits de l’Homme, mais on a remarqué plutôt la volonté de l’Etat d’exercer les mêmes comportements qui ont conduit, dans le passé, aux violations graves des droits humains au Maroc.