Nouvelle polémique à la Chambre des représentants. Abdellah Bouanou, le président du groupe des députés du PJD, a accusé trois députés de l’opposition, sans les citer nommément, d'avoir perçu 20 millions de dh d’une société de tabac. En échange, ces derniers ont usé de leur influence afin de contrer toute hausse de TVA, l'année dernière, sur les produits commercialisés par l'entreprise au Maroc.
La révélation a eu lieu hier soir, lors du vote en plénière de la première partie du projet de loi de finances 2015. Le pavé jeté dans la marre par Bouanou intervient en réaction à la proposition des partis de l’opposition d’augmenter la taxe sur le kilogramme de tabac à rouler et à tuber, moins cher sur le marché que les cigarettes en paquet.
Celle-ci a été rejetée par 163 voix contre alors qu’elle n’a eu l’adhésion que de 89 députés. Prenant la défense de l’exécutif, le président du groupe a appelé ses adversaires politiques à respecter la position qu’ils ont défendue l’année dernière sur le même sujet avant de lancer son accusation. Des propos qui ont fait sortir de ses gonds le député istiqlalien, Abdellah El Bakkali qui a, immédiatement, demandé au ministère de la Justice d’ouvrir une enquête et a accusé, à son tour, le PJDiste de «dissimuler un crime vieux d’une année».
Bouanou sur les traces de Benkirane
Cette affaire n’est pas sans rappeler les déclarations du chef du gouvernement, du 31 décembre 2013, à la Chambre des représentants. Agacé par les critiques des députés de la Balance sur les raisons de l’amnistie accordée par l’exécutif aux auteurs de fuites de capitaux, Benkirane avait fini par lâcher qu’il était en possession d’une liste comprenant des élus appartenant à des partis de l’opposition qui «ont des comptes en milliards à l’étranger».
L’Istiqlal s’était senti directement visé par les accusations de Benkirane. Quelques jours plus tard, le comité exécutif du PI déposa une plainte pour «diffamation». Plus de dix mois se sont écoulés suite à cet incident sans que le parquet, encore sous l’autorité du ministre de la Justice, n’ait daigné examiner le dossier.