Ce matin, Sidi Ifni tente de reprendre son souffle après une nuit très agitée. «Les employés communaux s’affairent à débarrasser les rues des éclats de verres des vitres de voitures, des pierres et de certaines bombonnes de gaz complétement calcinées. Mais les boutiques et les cafés sont ouverts.», nous confie Samir Lamhandi de l’AMDH. Et pourtant, la ville a connu, jusqu’aux premières heures de ce vendredi, de violents affrontements entre les forces de l'ordre (police et forces auxiliaires) et des jeunes.
Cinq heures d’émeutes
C’est le décès de Lahcen Aharrat, un jeune de 17 ans, une semaine auparavant, qui a mis le feu aux poudres. Il a perdu la vie alors qu’il fuyait une patrouille conjointe de la gendarmerie et des mokhaznis, venue avorter une tentative d’immigration clandestine vers les Iles Canaries. «Il est tombé du haut d’une falaise. Sa tête a heurté des rochers. Ce fut fatal pour lui», ajoute Samir.
Après ce grave incident, la société civile et des sections de partis politiques (notamment PAM et Istiqlal) ont demandé l’ouverture d’une enquête afin d’élucider les circonstances exactes ayant causé la mort de Lahcen. Une requête restée sans réponse. Ce silence a été à l'origine de la montée des tensions dans une ville comme Sidi Ifni où les relations entre le pouvoir central et les membres de la tribu Aït Baâmrane sont depuis longtemps assez sensibles.
Ainsi, dans la soirée du jeudi, des jeunes de la ville ont organisé un sit-in devant le siège local de la gendarmerie, à priori pacifique avant qu’il ne dégénère en rixe. Les manifestants ont jeté des pierres sur les éléments des forces de l’ordre, brisé des parebrises de voitures et incendiés trois bombonnes de gaz en vue d’empêcher la progression de leurs véhicules. Ces derniers ont riposté, précise notre interlocuteur, par tirs de bombes lacrymogènes.
Les policiers pénétraient de force les maisons
Comme en juin 2008, l’intervention des forces de l’ordre a visé, également, les maisons. Des policiers ont pénétré de force les domiciles à la recherche de personnes en train de filmer les affrontements.
«Ce matin, nous avons essayé de recueillir des informations auprès des hôpitaux sur le nombre des blessés tant dans les rangs des manifestants que parmi les éléments des forces publiques, mais sans réel succès», déclare à Yabiladi Samir Lamhandi. Et d’ajouter qu’aucune arrestation de jeunes n’a été, pour le moment, signalée.