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Interview

Chirurgie cardiaque sous hypnose : La Marocaine Asmaa Khaled auteure d’une première médicale [Interview]

L’équipe hospitalo-universitaire du CHU d’Henri Mondor, à Paris, a réalisé pour la seconde fois en quelques mois une première médicale mondiale en matière d’hypnose. Elle a réussi plusieurs opération de chirurgie cardiaque lourde en remplaçant les anesthésiants par l’hypnose. Asmae Khaled, Franco-marocaine, née à Settat, anesthésiste réanimatrice a mis les patients en état de transe hypnotique pendant toute la durée de l’opération. En avril, elle avait déjà réussi à mener Alama Kanté à chanter pendant son opération des cordes vocales. Yabiladi l’a rencontrée, lundi 27 octobre, et s’est laissé hypnotiser.

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Les opérations sous hypnose se pratiquent depuis de nombreuses années, mais celles réalisées cette année par Asmae Khaled sont exceptionnelles /DR
Temps de lecture: 4'

Yabiladi : Quelles sont les opérations de chirurgie cardiaque que vous avez réalisées sous hypnose avec l’équipe du CHU Henri Mondor ?

Asmae Khaled : Sur les deux derniers mois nous avons appliqué l’hypnose à un type d’opération très lourde et je pense que c’est une première. Nous avons fait plusieurs opérations vasculaires qui consistait à implanter une endoprothèse valvulaire aortique en remplaçant les produits anesthésiants et vaso-constricteurs par l’hypnose. En d’autres termes, il s’agissait détruire la valve aortique calcifiée et la remplacer par une bioprothèse.

Pourquoi avoir choisi d’employer l’hypnose plutôt qu’une méthode anesthésique classique ?

Avec une procédure classique, les produits anesthésiants que nous utilisons et les vaso-constricteurs comportent des risques d’autant plus élevés pour le cœur d’un patient qui est déjà fragilisé. L’hypnose permet d’alléger la survenue de ces complications. Nous réalisons également une étude, dont les résultats ne sont pas encore certains, mais très prometteurs, sur les conséquences de l’arrêt cardiaque lié à l’opération.

Pendant 5 à 8 minutes, le cœur cesse de fonctionner même si le sang continue de circuler dans le corps grâce à des machines. Je dis souvent que le patient meurt et ‘démeurt’, puisque le cœur est arrêté puis redémarré. Sauf qu’à l’issue de l’opération, les patients sont souvent atteints de troubles cognitifs sans que l’on sache si c’est en raison de l’arrêt cardiaque ou de la nocivité des produits qu’on lui administre pendant l’anesthésie. Toujours est-il que sur la série d’opérations que nous avons effectuées sous hypnose, les patients semblent ne pas présenter ces troubles.

Le 3 avril, vous avez participé à la réalisation d’une autre première médicale : retirer une tumeur sur les cordes vocales de la chanteuse d’origine guinéenne Alama Kanté tandis qu’elle chantait sous hypnose. Pourquoi l’équipe soignante a-t-elle choisi de procéder ainsi ?

Le cas d’Alima Kanté présentait deux difficultés : d’une part la tumeur était placée sur les nerfs afférents, c’est-à-dire sur ce qui détermine la voix, or il n’était pas possible visuellement de distinguer l’une de l’autre. Le risque était de sectionner un nerf et qu’elle perde complètement la voix. D’autre part, en cas d’anesthésie générale, il faut intuber la patiente et même si l’on sait le faire avec beaucoup de soins, il reste toujours le risque théorique d’abimer les voies aériennes. L’équipe a donc choisi de faire simplement une anesthésie au niveau de la peau. Pour le reste, j’ai maintenu la patiente en état de transe hypnotique pendant toute l’opération.

Quel a été votre rôle pendant l'opération de Alima Kanté

Mon rôle a été celui d’une anesthésiste réanimatrice. Dans un entretien préparatoire, Alama Kanté m’a raconté des moments forts et heureux de sa vie. Elle m’a parlé de lieux et de personnes qui l’intéressent pour reconstituer des souvenirs agréables. Sur cette base, dès que nous sommes arrivées dans la salle d’opération, j’ai choisi pour elle une destination, le Sénégal, pour un voyage africain, un retour vers ses racines. En état de transe hypnotique, elle ne ressentait pas de douleur, mais certaines sensations de toucher. La piqure pour l’intraveineuse était une piqure de moustique. Quand le chirurgien a atteint les tissus profonds du cou, je parlais d’un collier de scène en noix de coco lourd et rêche. Elle avait souhaité revivre l’accouchement par césarienne de son fils, je l’y ai amené au moment où on extirpait sa tumeur. Il y avait comme ça une sorte de parallèle permanent entre son voyage hypnotique et la réalité de son opération.

Qu’est-ce que cette opération avait d’exceptionnelle ?

L’hypnose médicale s’emploie depuis de nombreuses années, y compris dans le cadre des anesthésies. Dans ce cas, c’est le fait d’avoir fait chanter Alama Kanté, pendant l’opération, pour ajuster le geste du chirurgien qui est exceptionnel. C’est les modulations, les altérations de la voix de la chanteuse qui ont guidé ses incisions et permis de faire la distinction entre la tumeur et la partie saine. A un moment donné, alors qu’elle chantait, Alama Kanté est devenue aphone pendant 3 à 4 minutes. Le chirurgien était en train de tirer sur la tumeur pour la retirer. C’était un moment de grande tension. Puis la voix est revenue, un peu éraillée et normale finalement. La patiente s’est même endormie profondément un moment. Après l’opération, elle m’a dit que dans son souvenir, elle était dans un «lit chocolaté» avec son fils !

Comment avez-vous appris l’hypnose ?

Elle ne fait pas partie du cursus universitaire classique nulle part au monde bien qu’elle soit utilisée un peu partout. J’ai commencé à m’y intéresser dès la fin de mes études à la faculté de médecine de Casablanca. En participant à un séminaire sur l’hypnose, on m’a conseillé d’aller voir le docteur Aboubakr Harakat et c’était un très bon conseil ! C’est avec lui que j’ai commencé mon initiation, il y a 14 ou 15 ans, puis je suis allée me former en France à la méthode Erickssonienne. J’ai d’abord pratiqué comme médecin généraliste, puis comme médecin urgentiste, un peu, et enfin, comme anesthésiste réanimateur. J’ai travaillé au Maroc, puis au Sénégal et enfin en France depuis 6 ans. Je travaille avec l’équipe hospitalo-universitaire du CHU Henri Mondor depuis seulement 3 ans.

Allez-vous pratiquer l’hypnose au Maroc également, ou former des praticiens ?

C’est dans mes projets. Je suis marocaine de racine et je reviens régulièrement ici. J’échange avec le corps médical assez régulièrement et je suis souvent sollicitée. J’ai participé ainsi à plusieurs caravanes médicales dont la dernière à Laâyoune avec l’Association marocaine pour l’environnement et la santé, mais uniquement pour des consultations en tant que médecin généraliste, disons. J’aimerais venir au Maroc de façon ponctuelle pour pratiquer l’hypnose médicale. J’ai déjà quelques contacts, mais rien n’est encore fait. Je pourrais aussi former des praticiens pour un travail en continu, mais je n’en dirais pas plus.

Une vrai,,,,,
Auteur : alkheir
Date : le 29 octobre 2014 à 21h45
Je suit comme Marocain trés fier de cette Lady,mais je suit encore plus fier car ces bint bladi statiya
Cette femme a tout résumé
Auteur : FATEM95
Date : le 29 octobre 2014 à 09h15
Cette femme résume l'esprit des marocains d'aujourd'hui: compétence et amour du pays. De quoi être fier et rassuré.
bravo
Auteur : IME
Date : le 29 octobre 2014 à 03h30
C une fierté pour les marocains .

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