Les prochaines échéances électorales ont marquées le discours qu’a prononcé, cet après-midi, Mohammed VI à l’occasion de l’ouverture de l’année parlementaire. Le roi a appelé les représentants et les conseillers à bien préparer ces rendez-vous, émettant le souhait que la compétition entre les acteurs politiques soit basée sur les programmes et «non une arène où se livrent surenchères et luttes politiciennes».
Le souverain a directement interpellé les partis politiques. « A moins d’une année des élections locales et régionales, Je m’adresse à tous les acteurs politiques: Quelles élites et quels programmes avez-vous préparés pour assurer la gestion des affaires publiques?», a-t-il lancé. Mohammed VI fait ici clairement allusion aux interminables joutes verbales qui ont marqué les trois années déjà écoulées de l’actuelle législature. Surtout que celles-ci ont eu impact très négatifs sur l’adoption de plusieurs textes, et notamment des lois organiques, censées être validés d’ici 2016. Un objectif qui, sauf grosse surprise, a peu de chance d’être atteint.
Les politiques «divisés par leurs intérêts étriqués»
Sur la même longueur que l’avis de la majorité des citoyens, le roi, endossant le rôle d’un «observateur», constate avec diplomatie que le débat politique «ne se hisse pas toujours au niveau des aspirations du citoyen, précisément parce qu’il est fortement arrimé à des calculs partisans ou politiciens».
Il est vrai qu’au Maroc, la classe politique, majorité ou opposition, succombe facilement aux tentations des polémiques et des controverses. Une situation qui est en train de prendre des proportions alarmantes, et qui aura, sans aucun doute, des répercussions sur le taux de participation aux prochaines échéances électorales, qui n’était déjà pas très reluisant. Le retour du spectre des 37% de participation enregistré aux législatives de 2007 n’est pas à écarter tant que les partis restent «divisés par leurs intérêts étriqués» a noté le monarque.
Pour sortir de cet impasse, Mohammed VI propose qu’une «charte éthique de l’action politique soit adoptée de manière générale». Mais surtout il souhaite que les élus se penchent «avec le sérieux nécessaire sur les priorités nationales, tout en faisant prévaloir l’esprit de consensus positif, notamment lors de l’adoption des lois organiques relatives aux institutions constitutionnelles et aux grandes réformes». Une qualité qui manque cruellement à la majorité de nos politiques.
Il ne fait aucun doute que, devant les caméras, tous les députés et conseillers ainsi que les ministres seront unanimes à saluer le discours du souverain, s'évertuant à chercher les adjectifs pour encenser les propos du roi. Mais il est fort à parier que ces belles paroles seront vite oubliées, et cela dès le début des séances de questions orales. Rendez-vous est pris mardi prochain.