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Grand Angle

Menace sur la filière de l'argan au Maroc : Réaction des laboratoires Pierre Fabre

Suite à notre article qui alertait de la menace d'un nouveau procédé biochimique visant à cultiver des cellules végétales d'argan pour l'industrie cosmétique, les laboratoires Pierre Fabre ont souhaité apporter des précisions et faire jouer leur droit de réponse. Nous reproduisons donc le courrier reçu in extenso et invitons nos lecteurs à relire notre article sur le sujet (lien).

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PIERRE FABRE DERMO-COSMESTIQUE a mis au point un procédé qui permet de produire un nouvel actif généré à partir des feuilles de l’arganier. Il s’agit d’une nouvelle technologie de culture cellulaire végétale qui permet la multiplication des cellules en quantité quasi-infinie. Il ne s’agit en aucun cas de produire de l’huile d’argan mais de produire un nouvel actif généré à partir des feuilles de l’arganier.

Cette technologie protège la ressource naturelle, car la production d’un actif identique à partir de feuilles collectées sur les arbres impliquerait de couper les branches, donc de les détruire au moins partiellement. Les 2 actifs sont totalement différents. Cette production ne vient donc pas en substitution de l’utilisation de l’huile d’argan mais en complément. L’innovation et la préservation de l’environnement ont constitué le fondement du développement de cette technologie.

Par ailleurs PIERRE FABRE DERMO-COSMETIQUE se fournit en huile d’argan certifiée agriculture biologique exclusivement autour d’Agadir dans la zone d’Indication Géographique Protégée. Notre filière d’approvisionnement en huile d’argan est parfaitement maîtrisée et sécurisée grâce au partenariat formé avec l’Union des Coopératives de Femmes de l’Arganier (UFCA), regroupant 22 coopératives impliquées dans le développement économique et durable de leur région.

En 1998, une grande partie de l’Arganeraie du Maroc a été classée ‘’réserve de Biosphère‘’ par l’U.N.E.S.C.O. Avec le soutien de la Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l’arganier, les Laboratoires Pierre Fabre ont participé aux opérations de reboisement pour protéger cette forêt fragile.

Menace sur la filière de l'argan au Maroc
Auteur : EFAS
Date : le 11 octobre 2014 à 12h46
Bjr,

La réaction de Pierre Fabre (PF), suscite de notre part les réactions suivantes:
1- la production d’un actif IDENTIQUE à partir de feuilles collectées sur les arbres d'arganier, ne donne aucun droit, au producteur dudit actif, d'utiliser le mot Argan pour identifier cette ingrédient. Le fait qu'il soit IDENTIQUE à celui extrait des feuilles d'Arganier ne change rien en la question. Même en terme Ethique, cette utilisation du mot Argan, n'est pas du tout accepté....
2- Le fait de créer des ingrédients de substitution aux ingrédients naturels de l'Arganier, ne protège en rien cette ressource. Au contraire, il va créer des alternatifs non naturels, qui vont sûrement avoir un impact négatif sur le développement de l'activité de l'Argan au Maroc et apporter un sérieux coup à la source de vie de la population de l'arganneraie, en majorité féminine, qui n'ont aucune autre activité génératrice de revenus à part celle liée à la transformation de cette ressource naturelle de l'arganier.
3- Le fait d'importer l'huile d'Argan auprès de producteurs de l'aire de l'arganneraire (région d'Agadir, n'est un Choix, c'est plutôt une obligation, puisque l'huile d'argan naturelle ne se trouve nul part que dans cette région du sud ouest marocain.
Le problème majeur, dans cette question d'importation, c'est surtout le fait qu'elle se fait en VRAC, à des prix dérisoire. En effet, environs 92% de l'huile d'Argan exportée du Maroc, est en VRAC. Chose qui ne permet pas de générer un plus valu et valeur ajoutée intéressante. On est plutôt là, dans une logique de squattage de cette ressource naturelle, en faveur d'opérateurs capitalistes qui en tire le meilleur bénéfice.
4- L'utilisation, dans le texte de réponse de PF, de l'Indication Géographique Protégée IGP, n'a aucun sens !!! à moins que celui de semer la confusion !!!. En effet, PF est parmi les premiers à ne pas accepter cette démarche de l'IGP, qui se repose, entre autres, sur le principe de considérer le mot "ARGAN" comme propriété de l'Etat marocain. Lors des négociations qui ont eu lieu entre l'AMIGHA est PF, au début du processus, ce dernier a refuser de céder la propriété du mot "ARGAN" Il a défendu le fait que ce mot indique une Marque qui lui appartient !!! Heureusement que le Tribunal de Paris, a remis en cause cette propriété et son enregistrement en tant que Marque au nom de PF....
5- Pour l'histoire, l'inscription de l'air de l'arganneraie, était le fruit du travail qui a été réalisé, pendant 7 ans, dans le cadre du projet de coopération technique Allemande PCDA durant les années 1990. D'ailleurs, c'est dans le cadre de ce projet que les première coopératives ont été constituées. Même l'UNION de coopératives, dont a fait PF allusion dans sa réaction, a été constitué dans le cadre dudit projet Allemand.
C'est dans le cadre de ce projet que la réflexion, autour de cette reconnaissance, a été menée à l’époque. Aussi, le dossier de reconnaissance a été porté par le MAB Maroc qui a introduit le dossier de demande de reconnaissance de la RBA auprès de l'UNESCO. Aucune autre structure marocaine ni étrangère n'a eu de rôle dans la dynamique qui a aboutit à la reconnaissance de la RBA.
6- Pour ce qui est des opérations de reboisement, on aimerai bien connaitre le taux de réussite de celles-ci !!! En effet, la réalité du terrain fait que le taux de réussite vraiment faible de ces opérations de reboisement, font de celle-ci plutôt une affaire de Communication pas Plus !!!
7- Si PF, mais aussi Tous les autres opérateurs internationaux qui importent notre huile d'Argan en Vrac, veulent vraiment contribuer au développement durable de l'Arganneraire, il faut qu'ils remettent en cause leur stratégie et faire en sorte qu'ils encouragent la transformation de la ressource naturelle de l'Arganier à l'intérieur du territoire de l'Arganier, et ce pour permettre d'injecter plus de valeur ajoutée en faveur des populations de ce dernier. Au du moins, encourager le transfert de technologie et de savoir faire (Nord Sud) de façon à permettre le renforcement des capacités des acteurs locaux afin d'assurer une mise en valeur et une valorisation avancée de cette ressource naturelle. Sinon, l'importation de l'huile en Vrac, avec les prix dérisoires actuels, relève plutôt d'un esprit de squattage capitaliste de cette ressource naturelle (New colonialisme économique).

BENNANA Lahoussine
Agadir, Maroc
Emission spécial MRE
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