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Tribune

Maroc : Comment se porte la presse spécialisée en santé ?

Dans un secteur à la santé morose, seule la presse écrite spécialisée arrive – relativement – à tirer son épingle du jeu. Parmi les créneaux porteurs, «La Santé». Coup de projecteur sur un segment en bonne santé.

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L’information médicale ou celle liée aux questions de santé est traitée par trois types de supports de la presse écrite au Maroc. Le premier type est la presse grand public spécialisée «Santé», la deuxième catégorie est la presse généraliste ou féminine comportant des rubriques sur la «Santé» ou le «Bien être». Enfin, la troisième catégorie est la presse médicale spécialisée, destinée en priorité aux professionnels de santé.

La presse «Santé» grand public

Ma Santé PRATIQUE est le nouveau né de la presse magazine. Ce gratuit est édité par MS Edition. La direction et le volet rédactionnel sont assurés par Driss Benani (ex-Telquel et Le Soir). Ce magazine est déjà à son quatrième numéro. Il annonce un tirage de 20 000 exemplaires. Ce mag table sur l’intérêt que «portent les Marocains aux questions de santé et de bien-être ». En France, cet engouement a favorisé des success story dans la presse newsmagazine, à l’instar de Top Santé ou Santé Magazine.

Sur ce segment au Maroc, Santé+ Magazine a déjà une marge d’avance. Ce mensuel existe sur le marché depuis 2012. Il connait un succès publicitaire grâce à une formule alliant un traitement consensuel de l’information et des couvertures «people» (Ex: l’animatrice Choumicha ou le mannequin Leila Hadioui). Santé+ est inscrit à l’Office de justification de diffusion (OJD) mais ses chiffres de diffusion et de ventes n’ont pas été communiqués en 2013.

En langue arabe, le mensuel Assihato awalan (La santé en premier) n’a pas résisté longtemps avant de baisser le rideau. Cette expérience d’une année était décevante sur le plan du contenu comme de l’éthique (publicité déguisée de dispositifs médicaux).

Les «féminins» en force

La presse généraliste et féminine surfe sur la vague de l’information liée à la «Santé». Sur 11 quotidiens nationaux arabophones, 6 consacrent au moins une page par semaine à la thématique «Santé». Pour les quotidiens francophones, 5 sur 6 disposent d’une rubrique «Santé».

Dans le segment des hebdomadaires, cette présence est faible. Seul un magazine sur les 14 en vente au kiosque national consacre deux pages chaque semaine à la rubrique «Santé». En revanche, les mensuels féminins (5 francophones et 4 arabophones) dédient tous des rubriques à la «Santé». L’espace consacré à ce thème varie entre 2 et 4 pages par numéro.

La niche de la presse spécialisée

Troisième catégorie de presse à s’intéresser à la «Santé», c’est la presse spécialisée destinée en priorité aux professionnels de santé. Elle est à mi-chemin entre la revue scientifique et la revue grand public. Dans cette niche, seul le mensuel gratuit Doctinews a su pérenniser son business model. Lancé en 2007, ce média est la caisse de résonnance de la communication médicale et pharmaceutique au Maroc. Son tirage déclaré est de 25 000 exemplaires. Avant Doctinews, aucun support n’a réussi à se maintenir sur le marché. On note la disparition de L’Officinal en 2013 et de Caducée en 2011.

Ces difficultés ont poussé un bon nombre de professionnels de santé à lancer leur média sur le net. Depuis deux ans, le web marocain connait une déferlante de sites dits d’information médicale (sante24.ma, marocsante.com, actumed.ma, infirmiersdumaroc.com, tabib.ma, pharmapress.net). Spécialisés en médecine, pharmacie ou s’adressant à une profession du secteur, ces sites connaissent un succès variable. Ils sont financés à 100% par la publicité provenant des laboratoires pharmaceutiques. Pharmacie.ma est un des rares sites avec une valeur ajoutée et un traitement équilibré de l’information. Réussira-t-il à garder cette autonomie avec l’arrivée d’un laboratoire pharmaceutique comme partenaire ?

La question de l’indépendance de la presse spécialisée en «Santé»

L’intérêt pour la presse sur «la Santé» et la médecine posent la question centrale de l’indépendance de ces médias. Qu’elle est la marge de manœuvre d’un support gratuit spécialisé par rapport à ses annonceurs potentiels (food & beverage, industrie cosmétique et de beauté, industrie pharmaceutique, etc…) ? Comment qualifier un article faisant la promotion de la consommation de l’eau minérale, en recommandant deux marques ? Sommes-nous devant de la publicité déguisée ? Réserver la UNE à un lobbyiste de ce même secteur pour drainer des annonceurs, est-il éthique ?

La meilleure réponse à ses questions est la confession d’un directeur d’un magazine spécialisé en santé : «Je suis financé par la publicité, je ne suis pas indépendant. Pour l’être il faut être payant sur abonnement comme le magazine français Prescrire ». Justement, Prescrire, unique magazine médical indépendant en France, a permis de révéler l’affaire du Mediator. C’est toute la différence entre une presse indépendante jouant son rôle d’observateur attentif de ce secteur et une presse financée exclusivement par la publicité et au service de ses annonceurs.

Visiter le site de l'auteur: http://journalinbled.wordpress.com/

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