France : Les musulmans de l'Hérault et du Gard vont boycotter les moutons pour l'aïd

Les responsables musulmans de l’Herault et du Gard ne sacrifieront pas de moutons cette année, le jour de l’Aïd el Kebir. Ils préfèrent boycotter pour sensibiliser les autorités locales autour des problèmes qu’ils rencontrent lors de cette fête religieuse, prévue pour le 3 ou le 4 octobre prochains, rapporte le quotidien régional d'information Midi Libre.

Hier, lundi 8 septembre, plusieurs habitants de Lunel, une commune du sud de la France, ont en effet reçu un SMS anonyme, appelant à un boycott autour de l’aïd. La veille, dans cette même ville, une réunion rassemblant les responsables de plusieurs mosquées avait eu lieu. A l’issue de ce rassemblement, il a été décidé «de ne pas sacrifier de mouton cette année».

«Il a été décidé de boycotter pour toutes les mosquées de l'Hérault et du Gard et de réserver tout ou partie du prix à un projet d'école ou d'association de bienfaisance», souligne-t-on dans une note relayée par le même journal.

Pas assez d’abattoirs

Contacté par ce dernier, Abdallah Zekri, membre du Conseil français du culte musulman (CFCM), a confirmé les rumeurs. «Cette information est vraie. J'avais déjà alerté il y a deux ans sur la question», déplore le responsable musulman. Selon lui, si ce boycott a été planifié, c’est pour sensibiliser les autorités locales sur les problèmes qu’ils rencontrent chaque année avec la célébration de cette fête.  

Abdallah Zekri évoque deux raisons principales au mouvement : «Il n'y a pas assez d'abattoirs pour pouvoir procéder correctement au rite. Ce qui pose problème. Et puis, comme je l'ai déjà dit, c'est les Musulmans qu'on tond, pas les moutons. Les prix passent de 120 euros à 280 euros !». Pour lui, mettre la pression sur les pouvoirs publics pourraient améliorer la situation à l’avenir.

«En Paca, il existe des abattoirs mobiles, cela se passe mieux», suggère-t-il avant de souligner : «Si les Musulmans se mobilisent, cela va donner à réfléchir aux vendeurs et éleveurs !».

Une amende pour les abatteurs clandestins

Le même SMS reçu par les habitants de Lunel laisse entendre que les amendes réservées aux adeptes de l’abattage clandestin ont été «multipliés par dix» cette année. En réalité, c’est faux. Le code rural et de la pêche maritime prévoit, depuis 2010, 6 mois de prison et 15 000 euros d’amende pour cette infraction.  

Pour l’heure, le mouvement de boycott ne concerne pas tout le monde. Lhoussine Tahri, responsable de l'association qui gère la mosquée de la Paillade, à Montpellier, assure qu’aucune décision n’a encore été prise. «J'ai participé à la réunion. Mais j'attends la décision du bureau, qui tranchera, vendredi. Je peux dire que les musulmans sont dans une impasse. On ne peut pas rester les bras croisés. Il faut faire bouger les autorités», regrette-t-il. Reste à savoir si toutes les familles de confession musulmane résidant dans ces deux départements suivront le boycott.