Déloyale, astucieuse ou tordue. Le choix semble difficile pour décrire l’attitude de certains producteurs français. En effet, depuis que la Russie a décidé son embargo sur certains produits alimentaires en provenance de l’hexagone (notamment les fruits et légumes), des producteurs ont réussi à contourner cette mesure et continuent sans difficulté à alimenter le marché russe. Leur stratégie est des plus élémentaires : faire réétiqueter leurs productions au Maroc, un pays non soumis à l’embargo de la Russie, rapporte Franceinfo.
Si au début de la décision de Moscou l’on pensait que les producteurs marocains pourraient être avantagés en exportant mieux leurs produits sur le marché russe, la méthode de leurs homologues français pourrait leur jouer un mauvais tour. «Actuellement», le Maroc est «particulièrement sollicité». Le pays «permet à quelques produits tricolores d'obtenir leurs visas pour Moscou», souligne la source.
«Jeu déloyal»
Le fait de vouloir illégalement exporter vers la Russie risque de créer des conflits entre les pays européens. Et pour cause, le jeu est déloyal, souligne Jacques Rouchaussé, président des producteurs de légumes de France. «Ça m’inquiète, parce qu’aujourd’hui on risque de dénaturer le produit en changeant son origine». «On n’accepte pas ça en France, je ne vois pas pourquoi on l’accepte pour les autres pays», s'interroge-t-il.
Le président des producteurs français a même averti ceux qui se servent de cette pratique. «Si je vois des pratiques pareilles je les dénonce, je ne vais pas cautionner ces pratiques-là, c’est inconcevable » a-t-il insisté. Le Maroc devrait aussi pour sa part être plus vigilant et dénoncer le stratagème des producteurs français. La pratique risque de lui faire perdre des rentrées d’argent non négligeables si les Russes décident de restreindre les importations depuis le Maroc.