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Grand Angle

France : Des Chibanis engagent une lutte acharnée pour éviter l'expulsion de leur logement

Encore une situation désagréable pour des Chibanis en France. Alors que la question de leur retraite hors des frontières de l'Hexagone n'a pas encore été résolue, certains d'entre eux - à Paris - doivent faire face au risque d'expulsion de leur logement. Ils ont décidé de lutter.

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Mohamed Amrouni dans sa chambre. Il réside à l'hôtel depuis 1999.
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Arrivés en France dans les années 60 pour la plupart, près d'une quarantaine de chibanis marocains et algériens vivant actuellement dans un hôtel meublé de Paris est menacée d'expulsion, rapporte Libération. Mais pour ces vieillards qui disposent tous de leur titre de séjour, il est hors de question de partir sans avoir la certitude d'être relogés décemment.

"Si nous devons partir, où irons-nous?"

Et pour cause, ils risquent de se retrouver à la rue après avoir vécu dans cet hôtel mal entretenu depuis 45 ans pour les plus anciens. "J'étais tout jeune quand je suis arrivé ici. Je me suis habitué et je suis resté. Si nous devons partir, où irons-nous ?", s'interroge Mohamed Tinicha, 70 ans, résident à l'hôtel depuis 1969. "Si t'as pas d'adresse, t'as plus rien. T'as pas de parole, t'es foutu. Pour refaire ton titre de séjour, pour tout !", renchérit Youssef Ferkous, 71 ans.

Le pire c'est que la procédure d'expulsion ayant été enclenchée depuis des mois, ces retraités maghrébins n'ont été informée que tout récemment. La gérante des lieux, Zakia Ait-Tayeb a certes reçu la lettre d'expulsion de la Préfecture de police de Paris le 7 juillet dernier, mais le tribunal de grande instance de Paris avait rendu son jugement depuis le 26 juillet 2013. "Je suis désolée pour eux, mais moi aussi je suis perdante dans cette histoire", dit-elle, expliquant que le propriétaire des locaux (la Compagnie des immeubles de la Seine) veut "tout casser et refaire un hôtel. Le reste, ils s'en foutent complètement".

La gérante s'est engagée a accompagner tout résidant qui voudrait dès à présent déménager. Mais pour l'heure, les chibanis veulent faire entendre leur voix auprès des autorités. "Pour moi, c'est un devoir de se mobiliser. J'ai tapé à toutes les portes de l'hôtel pour qu'on s'organise", Mohamed Amrouni, 65 ans.

Illégalité

Le 11 août dernier, ils ont saisi l'ONG Droit au logement (DAL) pour les accompagner dans leur combat. Et après avoir pris connaissance de l'affaire, l'association estime les retraités maghrébins dans leurs droits. "Si la préfecture exécutait sa décision, elle serait dans l'illégalité. Ces gens sont des locataires et il ne peut y avoir d'expulsion sans jugement nominatif", explique Jean Baptiste Eyraud, militant historique du DAL.

Actuellement, la préfecture dit étudier le dossier "très attentivement", n'ayant pas encore obtenue l'autorisation de concours à la force publique. Quant au propriétaire de l'hôtel, il reste injoignable.

Une fois de plus, une partie de la communauté des chibanis en France se retrouve face à un problème de logement. Pour ces hommes, la situation est d'autant plus affligeante, car finalement, élire domicile dans le pays d'origine les empêche toujours de bénéficier de leur retraite, quand ils ne sont pas à l'abri des surprises désagréables en restant dans le pays d'accueil.

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