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Tribune

FMI : Le gouvernement hypothèque la souveraineté du Maroc avec la seconde ligne de précaution

Le Fonds Monétaire International (FMI) a approuvé fin juillet une seconde Ligne de Précaution et de Liquidité (LPL) de 5 milliards de dollars au profit du Maroc, pour les 24 mois à venir, à partir d’août 2014. Le Maroc a du recourir à cet instrument une première fois en août 2012 pour un montant de 6,2 milliards de dollars. Une ligne de crédit qui n’a pas été utilisée par le gouvernement mais qui a toutefois payé des commissions !

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Le renouvellement de cette ligne de crédit est le signe que l’économie marocaine rencontre de grandes difficultés. Le pays est menacé par la récession de l’économie mondiale (chocs externes), spécifiquement des pays de l’UE dont le Maroc est fort dépendant. Cette situation se manifeste par le recul des réserves en devises, le repli des transferts des Marocains résidents à l’étranger, et la stagnation des recettes du tourisme. Les Investissements directs étrangers, sont également en baisse et ont enregistré une chute de 38,9% durant le premier semestre 2014 par rapport à la même période de 2013. Et par conséquent, la couverture des exportations par les importations risque de connaitre le même sort.

Les recettes de l’Etat connaissent également une baisse causée par la politique de libéralisation généralisée (privatisation des entreprises rentables, rapatriement des dividendes des multinationales installées au Maroc, exonérations fiscales au profit des grandes entreprises) et la signature d’une flopée d’Accords de libre-échange marquée par le démantèlement du système douanier. Malgré des finances publiques aux rouges, le remboursement de la dette publique n’a pas connu de répit. Au service de la dette, s’ajoute la fuite des capitaux et le pillage des deniers publics.

Triple déficit

Dans ce contexte, le FMI impose ses conditions pour réduire le triple déficit : celui de la balance des paiements, celui de la balance commerciale et le déficit budgétaire. Pour réduire les deux premiers, le FMI recommande de recourir à de nouveaux emprunts sur le marché international (dette bilatérale, multilatérale ou des LPL). Pour le troisième, le FMI fixe comme objectif pour le Maroc d’atteindre un déficit budgétaire de 3% à l’horizon 2017. Pour y arriver, l’institution conditionne son soutien par une politique d’austérité, couvrant trois axes principaux :

1. Masse salariale : Gel des salaires dans la fonction publique et les établissements publics, réduction des postes budgétaires dans le secteur public, réduction des cotisations sociales de l’Etat en «réformant» le système des retraites

2. Système d’aide aux produits de base : Le démantèlement de la Caisse de compensation et la remplacer par des aides directes.

3. Dépenses sociales : Réduire ou geler les budgets des secteurs sociaux (éducation, santé et habitat) aussi bien pour les dépenses de fonctionnement que pour celles de l’investissement.

Cure d'austérité qui ne dit pas son nom

Pour soutenir la croissance, le FMI recommande à l’Etat de continuer ses «réformes structurelles» au bénéfice du grand capital étranger et local, le tout sous le vocable de «l’amélioration du climat des affaires». Il s’agit de subventionner «la compétitivité» des secteurs d’exportation, faciliter l’accès aux crédits, approfondir la flexibilité des taux de change, des exonérations fiscales, ouverture de zones franches, des infrastructures à disposition (autoroutes, ports, etc….) et l’ouverture des secteurs sociaux à l’investissement privé.

Pour réussir ces «réformes difficiles», le FMI prêche «la bonne gouvernance» et «l’ouverture d’un dialogue social de haute qualité». Afin d’éviter le danger d’explosions sociales (chocs internes), suite à ces mesures, le FMI exige que le gouvernement obtienne le soutien des syndicats, de l’opposition parlementaire, de la «société civile» afin de faire passer ces plans destructeurs.

Le peuple marocain n’est pas à sa première cure d’austérité, recommandée par le FMI. Les citoyens ont chèrement payé le prix du Programme d’ajustement structurel dès le début des années 80. Le Maroc continue d’être un mauvais élève en matière de développement humain. Le chômage de masse, la pauvreté et la précarité sont le lot de larges pans de la société.

Mais nos gouvernants s’acharnent à appliquer ces conditionnalités. Leur «feuille de route» ne fera qu’approfondir la crise sociale actuelle. Le tout avec la bénédiction d’un parlement sans légitimité populaire. Ces nouvelles «réformes structurelles» ont pour objectif de faire supporter aux salariés et aux classes populaires, le coût de l’échec d’un modèle de développement basé sur la dette et une économie extravertie.

Vus tous ces éléments, Attac Maroc :

- Dénonce cette nouvelle manœuvre d’hypothéquer l'avenir du Maroc et des Marocains par des conditionnalités draconiennes du FMI

- Condamne les politiques d'austérité pour satisfaire des centres de décision étrangers

- Déplore les conséquences de ces politiques sur la situation des travailleurs et les classes moyennes les plus vulnérables qui souffrent de l'appauvrissement et de la détérioration des services publics

- Appelle à un développement économique fondé sur la satisfaction des besoins fondamentaux des citoyens.

- Renouvelle sa demande de suspendre le remboursement de la dette publique jusqu'à ce qu’un audit citoyen de cette dette soit réalisé pour statuer sur la dette odieuse et illégitime du pays et son annulation inconditionnelle.

- Lance un appel aux organisations militantes pour s’apposer à l’offensive menée contre les droits sociaux et économiques des classes populaires.

Visiter le site de l'auteur: http://www.attacmaroc.org

@alter casaoui
Auteur : alphatango241
Date : le 29 août 2014 à 16h25
Quelle conditionalité? La ligne de crédit n'est soumise à aucune condition.

La Caisse de Compensation devait etre réformé depuis longtemps car elle n'aide pas ceux qui sont dans le besoin.

Vous proposez quoi à Attac comme alternative? Pourquoi mes impots devraient servir à payer pour l'essence qu'un cadre sup va mettre dans sa porsche? Pourquoi mes impots devraient-ils aller dans les poches de la Cosumar et des minotiers?

La caisse de compensation est une erreur historique qui consomme du cash sui devrait aller à l'investissement, à la santé, ou à la recherche.

De mon coté, j'ai proposé et continue de croire que le modèle Brésilien est le plus approprié. Une allocation payée aux familles bénéficiant de la RAMED serait la meilleurs solution pour soutenir les plus démunis sans détruire le budget. Cela permettrait aussi d'accroitre la couverture santé du pays car les familles auront une incitation à s'inscrire à la RAMED.

Pour ce qui est de la pension, le Maroc est trop généreux avec la minorité qui a droit à une pension. C'est injuste envers les 80% qui n'ont pas de pension. Une pension où l'on touche 100% de son dernier salaire est quelque chose qui n'exiqte nul part ailleurs (à juste titre). Une pension à 60 ans alors que l'esperance de vie d'un Marocain au Maroc est de 74 ans est un non sens économique.

Mon message a toujours été claire sur ce point. Le régime des retraites doit etre étendu au secteur des indépendants en mettant une contribution obligatoire (comme en Grande Bretagne). La base des bénéficiaires et des cotisants doit etre étendue afin d'améliorer le cashflow des caisses de retraite.
Il faut revoir les contrats de délégation de gestion avec la CDG car ils sont trop généreux pour la CDG et ne génerent pas assez de rendement pour les caisses de retraites (4% seulement).
Il faut tenir compte des caracteristiques de chaque metier et ajuster l'age de la retraite dans les cas de forte pénibilité (un mineur ne devrait pas travailler au delà de 55ans tandis qu'un employé des services municipaux devrait travailler jusqu'à 65 ans).

Baisser l'embauche dans le secteur publique ne se fait pas assez vite car nous ne pouvons pas nous développer dans un systeme où tout le monde reve d'un job de fonctionnaire. La fonction publique ne crée pas de valeur en soit. Quand elle est efficiente, elle facilite la création de valeur mais quand elle est pléthore elle devient bureaucratique (chacun y va de son cachet et de sa signature car il faut bien justifier les salaires) et un frein au développement. C'est également un frein à l'initiative privée et à l'esprit d'entreprise qui a fait du Maroc une puissance mondiale durant 6 siecles. Il faut enlever de l'esprit des gens que l'etat sera leur employeur ad vitam aeternam. Les Marocains de la classe moyenne doivent se retrousser les manches et produire au lieu de consommer comme de vulgaires rentiers du pétrole.

Pour ce qui est des dépenses sociales, je vous rejoints. Nous avons détruit l'éducation publique (dans les années 80) et la santé car nous les avons monetisés et privatisés sans aucun controle ni régulation. Les enseignants du public forcent leurs étudiants à prendre des cours privés, les enseignant et les écoles vendent les diplomes, la recherche scientifique est morte et nos université sont des hangars pour anciens manifestants et grevistes de la faim qui veulent etre payé à ne rien faire.
Donc, avant de dépenser plus dans des secteurs qui sont dysfonctionnels, il faudrait d'abord les réparer et reconstruire une éthique professionelle qui n'est plus présente ni au sein du corp médical ni au sein du corp enseignant.

Je trouve qu'Attac Maroc critique avec facilité mais ne propose pas de solution réaliste... et c'est dommage car le pays a besoin d'organisations qui pensent à l'intérêt de tous contre les privilèges d'une minorité.
Dernière modification le 29/08/2014 16:38
Qlq réponses
Auteur : Alter Casaoui
Date : le 26 août 2014 à 11h01
@Alphatongo: Effectivement c'est une ligne de précaution, mais c'est là tout le scandale. Au prix d'une crédit virtuel, le Maroc doit se conformer aux conditionnalités du FMI ( démantèlement de la caisse de compensation, faire passer l'âge de la retraite à 65 ans, baisser l'investissement public dans les secteurs sociaux, baisser drastiquement l'embauche dans le secteur public).
Cette austérité à petites doses risque de se transformer en traitement de choc en cas de crise de liquidités car le Maroc devra appliquer une deuxième série de mesures.
Avec la LPL, le FMI s'offre le luxe de nous appliquer son programme néolibéral sans nous prêter de l'argent.

@Samazigh: le coût financier en cas de non utilisation n'est pas le point important. Cette ligne a un coût politique, éco et social. C'est partie pour deux ans de plus d'austérité...au moins.

@Pepaes: Cet texte est basé sur la réalité chiffrée de l'économie du pays. L'analyse est clairement subjective. C'est une prise de position à contre courant du discours dominant sur l'économie marocaine.

Merci à vous tous pour vos réactions.
Salah, membre d'Attac Maroc
23 millions quand meme...
Auteur : samazigh
Date : le 21 août 2014 à 17h18

on ne paiera rien, en es tu sur ?

J'y connais rien, il semble que ça va quand meme nous couter quelques millions... :

http://solidmar.blogspot.fr/2014/08/maroc-ce-que-va-nous-couter-la-nouvelle.html

Ca coute rien ou 23 millions ? ou 23 millions c'est rien ?

Y a t il un économiste dans la salle ? merci de nous expliquer tout ca...
pepeas ? et alphatango241 !!!!
Auteur : houssni39
Date : le 16 août 2014 à 13h59
beaucoup sont perdus , pouvez vous nous dire un peu plus que la situation économique du Maroc ?
Attac ne comprend rien
Auteur : alphatango241
Date : le 15 août 2014 à 15h07
Cet article prouve que les gens d'Attac ne comprennent rien.

C'est une LIGNE DE CREDIt. Le Maroc n'a rien emprunter. I'll s'assure seulement qu'en cas de choc, I'll disposera de la possibilite d'emprunter au taux defini maintenant. I'll n'y aura donc pas de crise de liquidite.

Ceci est une option.

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