Le rapport 2013 du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) a été présenté mardi dernier au roi Mohammed VI. L’organe dirigé par Nizar Baraka a réalisé une analyse globale des principaux indicateurs économiques du pays. Il en ressort que ces derniers sont globalement en progrès, mais ils restent encore fragilisés par certains secteurs qui peinent à retrouver leur rythme de croissance.
En premier, figure l’emploi où seulement quelque 114 000 nouveaux postes ont vu le jour en 2013. «Le contenu en emplois de la croissance a maintenu, en 2013, sa tendance baissière de telle sorte que cette croissance n’a eu aucun impact sur le taux de chômage qui s’est stabilisé à son niveau de 2012», indique le CESE. A lui seul, le secteur du BTP, a accentué la tendance entamée en 2012, puisque celui-ci a perdu, en 2013, 50 000 postes alors qu’il était à l’origine de la création moyenne de 55 000 emplois annuels entre 2007 et 2011.
64% des salariés ne bénéficient pas d’un contrat de travail
Si les créations de poste restent donc faibles, le chômage demeure pour sa part dans des proportions inquiétantes notamment chez les plus jeunes. Pour preuve, le taux de chômage a atteint 36% chez les 15-24 ans, 18,2% pour les diplômés et 9,6% chez les femmes. Malgré la création de postes dans certains secteurs, la qualité d’emploi pose un problème majeur au niveau national. Le sous-emploi touche ainsi un million d’actifs et plus de 20% des actifs occupés travaillaient sans rémunération, s’inquiète le CESE. Cette situation concerne près des trois-quarts des femmes actives qui sont principalement des aides familiales dans les activités agricoles. Pire, 64% des salariés ne bénéficient d’aucun contrat de travail.
Pour le conseil, la question de l’emploi, avec notamment le chômage des jeunes et la participation des femmes, demeure l’un des principaux défis de cohésion sociale et interpelle les politiques publiques en matière d’enrichissement du contenu en emplois de la croissance et concernant l’employabilité, particulièrement celle des jeunes et des femmes.
Selon le CESE, l’évolution du dialogue social en 2013 n’a pas contribué à l’émergence de consensus sur les grandes réformes structurelles et à la relance de la croissance économique. Il est impératif de réactiver le dialogue social tripartite qui n’a pas connu d’avancées en 2013 en rendant opérationnelles la ’’Commission nationale du dialogue social’’ et la ’’Haute commission de concertation sur les questions stratégiques’’ dont la mise en place a été annoncée.
Le CESE a par ailleurs noté des progrès dans les politiques publiques de mise à niveau sociale, notamment en matière d’éducation et de santé avec l’amélioration de la couverture médicale de base. Ainsi, 50% de la population marocaine bénéficiait d’une couverture médicale de base grâce, notamment, à la généralisation en cours du RAMED. Toutefois, il importe de revoir le système de gouvernance de la couverture médicale de base afin de clarifier les périmètres des différents intervenants.