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Grand Angle

Télévision : La TNT, une bombe à retardement pour le Maroc ?

En juin 2013, le  Maroc lançait en urgence un plan national de sensibilisation sur deux ans visant à vulgariser la Télévision numérique terrestre (TNT), une manière de remédier au retard accusé. A un an de l’échéance, l’ex-DG de la HACA, Nawfel Raghay, s’est confié à Jeune Afrique estimant que si le Maroc n’investit pas 110 millions de dollars avant juin 2015, la diffusion analogique au-delà de l’année prochaine pourrait brouiller des signaux numériques des pays voisins.

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«Il faudrait investir au moins 110 millions de dollars [plus de 900 millions de dirhams, ndlr] avant juin 2015 pour sauver la télévision terrestre marocaine d'une mort annoncée», a affirmé sans détour l’ex-directeur général de la Haute autorité de la communication audiovisuel (HACA), Nawfel Raghay, dans un entretien avec le magazine panafricain Jeune Afrique.

D’après lui, «le déploiement de la TNT s'est effectué en l'absence de toute stratégie nationale», privilégiant l’aspect technologique au détriment de l’information des populations sur l’utilité et le bénéficie de ce type de télédiffusion. Résultat : huit ans après le lancement de cette technologie par la SNRT (depuis 2006), seuls «6 à 8 %» des foyers marocains l’utilisent, alors que le réseau d’émetteurs TNT couvre actuellement 80 % de la population.

C’est d’ailleurs en raison de cette réalité que le ministère de la Communication a mis en œuvre, en juin 2013, un plan national visant à accélérer la vulgarisation de la télévision numérique terrestre auprès des Marocains. A l’époque, Mustapha El Khalfi assurait que cela devait permettre au Maroc de respecter ses «engagements internationaux en matière de diffusion numérique» et «protéger la souveraineté nationale dans ce secteur».

La diffusion en analogie après 2015 pourrait brouiller les signaux numériques de l’Espagne notamment

Mais à un an de l’échéance de ce plan, Nawfel Raghay estime que «la faible implication des pouvoirs politiques» est encore très notoire pour espérer à un changement probant d’ici là. A cette allure, «il ne fait aucun doute que la situation demeurera quasi identique en juin 2015», juge-t-il.

Et cela serait assez désastreux pour le royaume, car dit-il, «la diffusion en analogique, au-delà de 2015 pour les fréquences UHF et de 2020 pour les fréquences VHF, entraînera un risque de brouillage des signaux ¬numériques des pays voisins, notamment dans le sud de l'Espagne, à Las Palmas et au Portugal». Pourtant, Rabat est contraint par un engagement international à cesser la diffusion analogique dès l’an prochain.

Actuellement donc, le Maroc se trouve dans une position assez critique. Le ministère de la Communication n’a pas encore livré le rapport relatif à la première année de mise en œuvre du plan national de vulgarisation de la TNT, mais à en croire les chiffres avancés par l’ex-DG de la HACA (taux de pénétration de 6 à 8%), le progrès a est très infime. Car en juin 2013, le département d’El Khalfi évoquait un taux de pénétration «d’à peine 5%», soit une amélioration de 1 à 3 points seulement.

Les 900 millions de dirhams que Nawfel Raghay recommande d’investir serviraient à «fabriquer et installer» des boîtiers TNT à bas coûts sur l’ensemble du territoire national, ce qui permettra un accès plus aisé pour les ménages. En outre, le Maroc organise la coupe d’Afrique en janvier 2015. Engager cet investissement dès maintenant lui permettra d’ «acquérir en diffusion terrestre gratuite et en multi-canal les droits des très grandes manifestations sportives» comme celle-là. Il faut toutefois noter que les finances de l’Etat ne sont pas au beau fixe en ce moment, ce qui pourrait grandement compliquer la tâche.

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