Et si la Ligue de défense juive (LDJ) était dissoute en France aussi ? La branche française du mouvement néo-sioniste du même nom, ayant vu le jour à New York, aux Etats-Unis, où elle est actuellement classée comme organisation terroriste, est plus que jamais sous le feu des critiques. En cause, sa dernière intervention très violente, près de la synagogue de la rue de la Roquette à Paris, lors de la manifestation pro-palestinienne organisée le 13 juillet dernier. L'Observatoire national contre l'islamophobie, une composante du Conseil français du culte musulman (CFCM), a demandé lundi 28 juillet sa dissolution.
«La LDJ est interdite en Israël et aux Etats-Unis, elle crée pas mal de problèmes... Mais les pouvoirs publics ne la dénoncent pas avec force», a déclaré ce lundi le président de l'Observatoire contre l'islamophobie Abdallah Zekri à l’AFP, dénonçant un «deux poids, deux mesures». «Je demande sa dissolution», a-t-il souligné.
Une association extrémiste
«C'est une association extrémiste, raciste et qui pratique la violence. Les organisations qui pratiquent la violence, d'où qu'elles viennent, doivent être dissoutes», a fait valoir Abdallah Zekri. Durant son entretien avec l’AFP, le responsable du CFCM a également exprimé son «indignation» après que des «inscriptions racistes et nazies» ont été relevées ce week-end sur deux lieux de culte musulman, une mosquée à Clermont-Ferrand et un bâtiment abritant une salle de prière à La Charité-sur-Loire.
Il a aussi appelé au «respect» et à «ne pas importer le conflit israélo-palestinien», en ce jour de l'Aïd-el Fitr.
2 sympathisants de la LDJ condamnés
La requête de l’Observatoire contre l’islamophobie en France intervient au moment où deux sympathisants de la Ligue de défense juive (LDJ) viennent d’être condamnés à six et dix mois de prison ferme. Ils ont été reconnus coupable d’avoir visé en 2012, avec une bombe artisanale, la voiture d’un juif qui avait critiqué la politique israélienne sur son blog. Le site internet «Le Cercle des volontaires» s’en était, en effet, pris à «la nébuleuse sioniste française» dans un article de juin 2012.
Une bombe fabriquée à partir d’une bouteille en plastique avait explosé dans la nuit du 13 au 14 septembre, sans faire de dégât, près de la voiture du cofondateur du blog, Jonathan Moadab, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans les Yvelines. Des tags - «LDJ» et une étoile de David - avaient alors été inscrits sur le véhicule. Pour l’avocate de Jonathan Moadab, Me Dominique Cochain, la LDJ ne veut «pas entendre de voix juive divergente au soutien inconditionnel à la politique israélienne». Elle a comparé le mouvement à «une milice», dont elle souhaite «l’interdiction».
Interrogé la semaine dernière sur la LDJ, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait lui-même jugé cette organisation «dans l'excès (...) dans des actes qui peuvent être répréhensibles et qui doivent être condamnés». «Ces actes le sont par moi de façon extrêmement ferme», avait-il ajouté.
La LDJ, pour sa part, ne semble pas vouloir se justifier. Contactée par l’AFP, elle a refusé de s’exprimer.