Les enquêteurs chargés de l’effondrement des trois immeubles de Bourgogne ont entendu, la présidente de la commune d’Anfa, Yasmina Badou, indique dans son édition d’aujourd’hui le quotidien Assabah. La députée du parti de l’Istiqlal et ancienne ministre de la Santé, sous le gouvernement Abbas El Fassi, a comparu, dans l’après-midi de vendredi, au siège de la préfecture de police de Casablanca.
La même source précise que la convocation de Mme Badou a nécessité, au préalable, l’autorisation du bâtonnier de la grande métropole. C’est en effet la procédure à suivre lorsque les mis en causes ou les témoins sont des avocats, profession qu’occupe également l’élue istqlalienne.
Premier cas de responsable entendu par le parquet
Le journal arabophone Assabah affirme que Yasmina Badou a passé, dans le plus grand secret, plus de trois heures dans le bureau les enquêteurs. Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’enquête. Le 16 juillet, le juge d’instruction avait déjà ordonné l’interpellation de cinq personnes : un cheikh de quartier (un petit fonctionnaire du ministère de l’Intérieur), les deux fils du propriétaire d’un des immeubles, l’entrepreneur en charge des travaux de rénovation au rez-de-chaussée et un architecte communal.
La comparution de la présidente de la commune d’Anfa constitue sans aucun doute un tournant dans cette affaire. Sera-t-elle suivie par d’autres hauts représentants de l’administration territoriale, l’agence urbaine de la ville ou des membres de la mairie ? Nous verrons surement jusqu’à quels degrés de responsabilités remonteront les enquêteurs dans les prochains jours.
Badou avait tenu à se défendre bien avant sa comparution
Le 23 juillet, Yasmina Badou avait déjà pris les devants dans des déclarations à un support très proche du parti de l’Istiqlal. Cette dernière avait alors précisé souhaiter que l’enquête menée par un juge d’instruction se conclut sur des résultats positifs. L’ancienne ministre de la Santé avait également souligné que la Charte communale a interdit aux présidents des communes de donner des autorisations de constructions de maisons dépassant 11 mètres de hauteurs. Une manière pour elle de renvoyer la balle dans le camp de l’agence urbaine, relevant de l’autorité du ministère de l’Intérieur.
Yasmina Badou avait précisé par la suite que c'est le plan d’aménagement de 1989 qui avait autorisé les maisons sises quartier Bourgogne de passer du R+2 à R+5. Un bureau d’étude aurait même cautionné ce changement, selon elle. Nul doute que l’ancienne ministre a dû ressortir tous ces arguments devant les enquêteurs.