Chaque jour apporte son lot de malheurs et d’interrogations. Cet après-mi du 23 juillet, l’école de l’ONU, où se réfugie les palestiniens déplacés a été visée à son tour par un missile. Le nombre de morts et de blessés est important. D’ailleurs, les chiffres n’ont plus d’importance pour cette machine de guerre. Ces palestiniens ont dû quitter leurs domiciles qui se trouvent dans la zone de combats vers un endroit censé être sécurisé parce qu'il appartient à un allier ou soi-disant un organisme neutre, bien que personne n’y croit plus.
Peut être cette attaque n’est rien d’autre qu’un message à des gens doués d’intelligence. Après les hôpitaux, les mosquées et maintenant c’est le tour des écoles. C’est pour dire aux Palestiniens qu’il n’y a pas vraiment d’endroit sûr à Gaza. La mort frappe ceux qui devaient partir quelque soit l’endroit où ils se trouvent. Et comme les Palestiniens de Gaza lisent le Coran, ils connaissent bien cette maxime : après les cris et les déchirements de circonstance, les coeurs s’apaisent et se remettent à Dieu et à sa puissance.
Images de désolation
A l’accueil des urgences, les ambulances arrivent dans un bruit strident et un ballet incessant. Les cameramans et les photographes se ruent aux abords de la porte afin de prendre les images de la désolation et transmettre la douleur du peuple palestinien meurtri.
Je me suis occupé avec le Dr Mads Guilbert d’une vieille dame qui avait du mal à parler. Elle ne pouvait pas bouger ses jambes. Après diagnostic, nous avons trouvé une plaie dans le bas du dos, certainement un projectile qui lui a sectionné la moelle. Elle avait mal et cherchait ma main afin de la serrer du mieux qu’elle pouvait. Il y avait dans le urgences un vacarme impressionnant et es patients partout. Les urgentistes essayent de s’occuper du plus grave et du plus urgent. Les plaies de cette grand-mère peuvent attendre. Cette dame dont le cas est considéré non urgent devra monter au service et attendre encore un peu.
De l’autre côté, une fillette de 6 ans pleure de douleur. Elle a certainement le femur cassé. Pour la calmer, il faut lui administrer des sédatifs. Elle passera au bloc opératoire plus tard. Un jeune homme, la jambe arrachée et la conscience perdue, est admis aux soins intensifs. Il est sauvé in extremis et ira par la suite au bloc opératoire également.
En descendant les escaliers du bloc, on aperçoit les familles, ou ce qu’il en reste, avec des visages fermes et parfois larmoyants. Elles attendent des nouvelles de leurs proches sur la table du bloc opératoire. Tel est le quotidien de Gaza, dur pour ceux qui sont frappés de plein fouet dans leur chaire. Un quotidien aussi compliqué pour ceux qui ont perdu ou quitter leurs maisons. Les familles s’entassent à 40 ou 50 dans des appartements. Certaines dorment dans les couloirs de l’hôpital Shifa ou dans les mosquées et les écoles... au péril de leurs vies.